La Grèce et les Balkans I d'Olivier Delorme

  • A l'ombre des nénuphars
  • Livres, Grèce

Depuis le début de la crise terrifiante qu’elle traverse, la Grèce revient régulièrement à la une de l’actualité politique et économique. Ce qui donne lieu à moult commentaires, pseudo-analyses et autres élucubrations… qui peuvent rendre dingue quand on connaît le quotidien de ses habitants. Pour tenter de prendre du recul, et parce que l’été, j’aime bien me lancer dans des lectures-fleuves, je me suis lancée dans l’essai historique en trois tomes d’Olivier Delorme, La Grèce et les Balkans, paru chez Folio histoire. Voici la présentation du tome 1, avec quelques extraits.

Le mot de l’éditeur

Pourquoi une telle somme ? Parce que d’hier à aujourd’hui, les Balkans ont été et demeurent une des frontières essentielles de l’Europe. Et que l’oubli du temps long par les puissances européennes a nourri des catastrophes en chaîne au cours des siècles.

Les Balkans, zone frontière ? C’est un euphémisme : ici se heurtent les chrétientés romaine et byzantine, bientôt orthodoxe ; la chrétienté dans son ensemble et l’islam ; les empires européens et la puissance ottomane ; les empires européens entre eux, à commencer par la maison d’Autriche, le tsar de Russie et la couronne britannique ; les idées impériales et la révolution des États-nations ; les États-nations fondés sur un grand récit historique unitaire et des minorités nationales qui aspirent à la reconnaissance de leurs droits ; le cours impérieux des guerres locales, régionales, mondiales et froide et un brassage incessant des populations qui rend vain tout espoir d’États ethniquement homogènes. Pour ne rien dire des promesses des idéaux démocratiques européens et du cynisme des puissances face à leur « Orient compliqué ».

Ce premier volume traite des Empires byzantin et ottoman, de leurs caractéristiques et de leur legs dont les rejeux marquent l’histoire de la région jusqu’à la révolution jeune-turque de 1908.

La Grèce et les Balkans I d'Olivier Delorme

Mon avis

On démarre avec l’Empire byzantin, grand oublié des programmes scolaires souvent trop chargés pour qu’on y consacre davantage que quelques pages ; on détaille les liens entre Byzance et l’Empire ottoman, avant de réfléchir à l’influence des Lumières et de l’« éveil des nations » du xixe siècle, avant de mettre l’accent sur la Grèce et les autres pays de l’Europe du Sud-est, pour arriver aux toutes premières années du xxe siècle, alors que se prépare déjà la grande boucherie de 1914.

Outre la très riche documentation et les nombreuses références de la bibliographie, on trouve également dans ce premier tome de multiples citations de Makrygiannis, admirable autodidacte, conscient de la nécessité du bien commun.

Le tome II balaie le xxe siècle depuis 1909 jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en détaillant la politique de « turquisation » menée par l’État turc. Le troisième tome détaille l’histoire contemporaine de la région, depuis 1945. Une somme historique nécessaire pour comprendre la Grèce et les Balkans contemporains… ainsi que le rôle des « grandes puissances » à travers les siècles. Et met en lumière leur responsabilité dans les catastrophes diplomatiques, économiques et par conséquent sociales que vit l’Europe du Sud-est.

Extrait 1

(Nous sommes en 1841, et le royaume de Grèce tente de se faire une place… et de récupérer les terres de l’Empire ottoman sur lesquelles vivent de nombreux Grecs, au grand dam de l’Empire britannique).

Au début de septembre 1843, la conférence de Londres impose à l’État grec une réduction drastique de ses dépenses, notamment militaires (qui aboutira au licenciement de nombreux officiers grecs, mais pas des bavarois !), ainsi que la mobilisation de l’essentiel de ses ressources douanières et fiscales au remboursement des emprunts – Makriyannis s’indigne de cette mise en tutelle

(...) À nous, les descendants de ces grands hommes ils accordent des prêts en monnaie de singe ; et nous sommes 800 000 Grecs qu’ils persécutent au lieu de les laisser vivre en paix dans le concert des peuples.

(p. 359-360)

Extrait 2

(épilogue)

[…] les impérialismes occidentaux et russe ont lourdement pesé sur les rapports entre les nouveaux États. L’acharnement thérapeutique de l’Angleterre à préserver les domaines européens de l’Homme malade afin de bloquer la descente dans les Balkans d’une Russie dont c’était le projet géostratégique depuis Catherine II a en effet rendu inévitables les irrédentismes concurrents que fondait l’interminable cycle de révoltes et de répressions, émaillées de massacres, résultant de ce maintien de la domination turque sur des populations aspirant à s’en libérer.

(p. 644)

Informations complémentaires

La Grèce et les Balkans, tome 1, d’Olivier Delorme

Éditions Folio histoire – Distribution SODIS

Collection Folio histoire n° 220

Parution le 17/10/2013

704 pages

Prix : 10,90 €

ISBN : 9782070396061

Code Sodis : A39606

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