Le terminateur de Laurence Suhner 2/2

Voici la présentation nouvelle par nouvelle du recueil Le terminateur, de Laurence Suhner. La présentation générale est par ici.

Laurence Suhner en dédicace aux Utopiales 2017 (photo S.Scardigli)

Laurence Suhner en dédicace aux Utopiales 2017 (photo S.Scardigli)

« Le terminateur »
La narratrice se trouve sur la planète Nuwa, une des sept exoplanètes du système TRAPPIST-1, où en quelques pages, elle nous raconte le terminateur, l’océan, ses propres rêves et son deuil. Une nouvelle très émouvante, qui réussit le tour de force de nous faire voyager dans ce nouveau système tout en nous rappelant que, où qu’il se trouve, l’humain souffre des mêmes peines et survit grâce aux mêmes espoirs.


« La fouine »
Sous le CERN, rien ne va plus… et c’est au professeur Rozmunski qu’échoit la lourde tâche de faire face à la presse en furie. Une nouvelle très amusante dans le ton et la chute, mais également très intéressante en ce qu’elle nous propose une plongée dans cet établissement scientifique qui inspire nombre d’auteurs de science-fiction… 


« Différent »
Un enfant seul dans un paysage de fin de monde, de mort omniprésente, une ambiance très sombre avec ce désespoir de la solitude qui rappelle un peu Je suis une légende… et une fin surprenante, habile et émouvante.


« La chose du lac »
Ambiance début XXe siècle, au bord du lac Léman, dans un huis clos où l’on croise une diva en quête d’émotions fortes, un gentleman charmeur, des femmes de chambre terrorisées par des disparitions et un voleur qui annonce l’heure de son méfait en défiant police et victime. Un texte dans la veine des enquêtes d’Agatha Christie, teinté de fantastique façon Lovecraft… 


« Au-delà du terminateur »
Nous voici de retour sur la planète Nuwa ; la colonisation humaine est avancée. Laura, la narratrice, fait partie de la deuxième génération de colons ; elle vit et travaille comme biologiste sur Nuwa. Les humains connaissent mieux désormais ce système planétaire, et ont découvert un artefact étrange en orbite autour d’une des sept planètes, sans comprendre ni qui l’a construit ni à quoi il sert. Laura a fait des « Chevaliers », des animaux marins gigantesques, son sujet d’étude et essaie de comprendre pourquoi, de temps en temps, ils passent le terminateur. Elle espère les sauver de l’exploitation impitoyable par l’humain, incorrigible et incapable d’apprendre de ses erreurs. Le texte est puissant en ce qu’il se raccroche à une découverte scientifique réelle récente, celle du système TRAPPIST-1, tout comme la première nouvelle du recueil. On y retrouve les thèmes de prédilection de l’autrice : la communication avec l’autre, l’importance de l’empathie, et la recherche d’harmonie – qu’elle soit sociale ou musicale. Dans le texte d’introduction à la nouvelle, Laurence Suhner indique que d’autres textes se déroulant dans ce système planétaire sont à venir, et je suis impatiente de les découvrir.


« Homéostasie »
Alors que la Terre se meurt sous une neige noire, des scientifiques font appel à Ada pour qu’elle utilise son don afin de sauver la vie sur Terre… Je n’en dis pas davantage pour ne pas dévoiler le cœur de l’intrigue, qui semble reprendre l’idée éculée d’une conscience de notre planète pour la dépasser de façon terrifiante. Un texte aussi noir que la neige qui tombe, avec une héroïne impétueuse et talentueuse, mais qui doit faire face à ses limites. 


« Le Corbeau »
Nous voici de nouveau au début du XXe siècle, à Londres. Le héros se rend chez un ami qu’il a perdu de vue depuis que ce dernier est devenu un auteur à succès. Or, depuis que cet écrivain talentueux a décidé de faire cesser les aventures de son personnage fétiche, il reçoit des menaces de mort dans des circonstances de plus en plus étranges… Un texte fantastique où la montée en tension est tout à fait réussie, et qui rappelle par certains aspects la relation tumultueuse entre Conan Doyle et son Sherlock. 


« Timkha – prélude à QuanTika »
Cette nouvelle fait partie des textes « préparatoires » à la trilogie QuanTika ; on y découvre le très beau couple que forment Ambre Pasquier et Tokalinan. Il y a des différences dans les personnalités de chacun par rapport à ce qu’on peut trouver dans la trilogie ; toutefois, les thèmes principaux sont là : l’ouverture au monde de l’autre sans préjugés, la recherche d’harmonie, l’acceptation à ne pas tout comprendre et l’importance du ressenti et de l’empathie. L’humaine scientifique Ambre, afin de vivre le temps de sa mission sur Timkha, a altéré son propre corps ; et on comprend très vite que ces modifications physiques, qui pourraient n’être qu’utilitaires, s’accompagnent en fait de modifications profondes de son mode de pensée et d’envisager le monde. Un très beau texte, où l’on trouve en condensé la magie de la trilogie.


« La valise noire »
Une conductrice bloquée par une limousine vidée de ses occupants, l’impatience, la colère qui monte, et un geste a priori incompréhensible : poussée par la colère, la femme sort de son véhicule pour examiner la voiture gêneuse, y voit une valise noire… qu’elle dérobe. Un texte en apparence fantastique qui joue sur l’effet de « double », mais dont la clé serait peut-être à chercher du côté de certaines théories en physique quantique. On est loin de l’ambiance poétique des textes liés à TRAPPIST-1 et Timkha, car le texte est plutôt ancré du côté du CERN ; mais la réflexion sur l’identité est toujours là.


« M. Ablange »
Une jeune fille s’escrime sur une version latine, tout en se remémorant sa drôle de journée à l’école, au cours de laquelle son « mentor » lui a annoncé leur départ collectif à elle et ses camarades. Une nouvelle très courte, dans laquelle on devine en filigrane les difficultés et les ivresses du voyage perpétuel.


« L’autre monde »
Un récit écrit à la première personne par Astor Pilgrim (« pèlerin »), qui détaille sa journée du 31 décembre 1899, au cours de laquelle il a découvert à côté de chez lui une drôle de boutique d’antiquités qui lui était restée invisible jusque-là et qui, ce jour-ci, se révèle entièrement pour lui permettre de découvrir, enfin, ce qu’il a cherché au cours de sa vie d’étude… Un texte à l’inspiration « lovecraftienne » assumée. 


« L’accord parfait »
Le narrateur mène une mission sur la planète Edena, où vivent les S’fars ; leur aspect diffère du nôtre, ce qui pousse les humains colons à ne pas les considérer comme leurs égaux. Le narrateur, lui, a compris qu’il s’agit d’une société organisée, et il découvre lors de son dernier soir qu’ils possèdent une musique envoûtante. De retour sur Terre, il cherche à trouver « l’accord parfait » sur l’instrument sacré qu’ils lui ont offert à son départ… En cette nouvelle courte où la musique a un rôle majeur, l’autrice revient sur la thématique de la colonisation irréfléchie, tout en présentant une humanité complexe, d’où peut jaillir le pire comme le meilleur – un peu à la façon d’un instrument à corde, selon notre degré de maîtrise ; la fin ouverte nous laisse perplexes, comme il convient, quant à l’avenir de notre planète et à la nature du geste des S’fars lorsqu’ils ont « offert » la Grande Harpe-Luth au Terrien qui quittait leur planète. Et cette incertitude introduit là aussi le doute et la nuance : on est loin d’un texte des « méchants colons contre les gentils sauvages ».

Pour prolonger le voyage
Site dédié au système planétaire TRAPPIST-1 comportant des créations artistiques (musique, illustrations) ainsi qu’une BD « pédagogique » et la version en anglais de la nouvelle « Le Terminateur » http://www.trappist.one/#stories 

Site de la NASA dédié aux exoplanètes https://exoplanets.nasa.gov/trappist1/ 

Site dédié à la trilogie Quantika, avec illustrations et musiques de Laurence Suhner http://quantika-sf.com/wp/ 

Autres titres de Laurence Suhner
Trilogie Quantika, tomes 1 à 3 aux éditions L’Atalante
Trilogie Quantika, tome 1 : Vestiges en Folio SF (tomes 2 et 3 à paraître en 2018)
 

Informations complémentaires
Le terminateur, de Laurence Suhner
Fiche de la maison d’édition ici 
Date de parution : août 2017
Illustrateur : Vincent Laïk
Collection : La Dentelle du cygne
Éditions L’Atalante – diffusion CDE distribution SODIS
ISBN13 : 9782841728220
Nombre de pages : 192
Prix : 14,50 €
État : disponible
 

Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog