Chronique d'une humanité augmentée, de Pascal Bléval

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On parle souvent de « réalité augmentée », parfois de « transhumanisme ». Les romans et les films de science-fiction, depuis des décennies, réfléchissent au rapport existant entre l’homme et la machine. Pascal Bléval a décidé d’apporter sa touche de réflexion sur notre société désormais ultra connectée où les écrans sont désormais plus courants que les étagères de livres en un recueil de quatre nouvelles.

 

Le mot de l’auteur

Julien Sciarmozzi a un problème. Un gros. Quelque chose cloche dans sa tête, il a comme des absences inexplicables. À moins que ce ne soit la réalité qui se trompe ?

Nicolas ne se conçoit qu’au travers des réseaux sociaux. Est-ce dans le but de combler un manque affectif, ou pour une raison autrement plus sérieuse ?

Et que dire de Marc, cet homme immergé dans un monde où chacun ne jure plus que par l’apparence virtuelle — en réalité augmentée — de ses collègues ?

Perdus dans le mince interstice séparant le monde réel de l’univers virtuel, les personnages de ce recueil nous entraînent dans leur sillage…

Oserez-vous franchir les limites du réel en leur compagnie ?

Chronique d'une humanité augmentée, de Pascal Bléval

Mon avis

Tout a commencé par un email de l’auteur…

« Tu voudrais bien jeter un œil sur un recueil de nouvelles ? »

Quatre versions plus tard, le bébé est enfin là (depuis le 15 juillet). Entre-temps, il a bien changé : il a pris du poids, il s’est structuré, chaque élément a trouvé sa place. Voici donc un recueil dans lequel toutes les nouvelles sont liées par un fil conducteur, qui éclaire le lecteur sur l’intention et (peut-être) le message de l’auteur.

La première nouvelle raconte l’histoire d’un gars comme on en croise tous les jours. Il va au bureau, sort avec des collègues, flirte un peu… et de temps en temps, il a des absences. Comme on peut en avoir en période de stress intense, de grosse fatigue. Et c’est là que, très habilement, l’auteur joue avec nos nerfs : une fois que le jeu de l’identification au héros atteint son paroxysme, paffff !, on soulève le voile sur une drôle de réalité. Amateurs de 13th floor, de Matrix et autres œuvres dans lesquelles l’humain est un pion dans quelque chose qui le dépasse, vous ne serez pas déçus.

La deuxième nouvelle aborde un thème bouleversant, sous un angle surprenant et efficace : on pense connaître Nicolas, on se dit qu’après tout il n’est qu’un adolescent fan de réseaux sociaux – extrêmement doué soit, mais en quoi est-il différent des ados qui squattent mon salon ? C’est en ça que la chute de la nouvelle est puissante. J’ai été bouleversée à chaque fois que je l’ai lue (et comme je l’ai écrit, j’ai lu plusieurs versions du recueil)… Mais je ne peux rien vous révéler de plus, pour ne pas vous gâcher le plaisir de lecture.

Les deux autres nouvelles montrent comment l’humanité, de plus en plus connectée, évolue jusqu’à disparaître sous sa forme actuelle. Et là aussi, je vous laisse la surprise.

Après avoir terminé ma lecture du recueil (la version définitive), je me suis interrogée sur ce qui définit l’humain : si notre personnalité, notre conscience, peut survivre à la disparition de notre corps, qu’est-ce qui nous constitue en tant qu’humains ? Ne sommes-nous donc que des êtres pensants, des « enregistreurs biologiques » ? Pourtant, le héros de la troisième nouvelle crève d’amour pour un autre personnage… alors ? La réponse est-elle dans l’allégorie de la caverne de Platon, citée en tout début de recueil ?

Bref, un recueil qui, s’il se lit vite, reste longtemps en tête et fait naître beaucoup de questions.

Un peu comme une discussion avec Socrate.

N’en déplaise aux détracteurs du genre, ce recueil nous rappelle que la science-fiction a beaucoup à nous apprendre, qu’elle est même indispensable pour nous faire avancer dans notre réflexion sociologique, éthique, sociale, spirituelle.

 

À lire aussi

La République, Platon

Un roman de science-fiction qui s’en inspire : Genesis, de Bernard Beckett (éditions Gallimard Jeunesse)

Une autre vision de l’humanité à venir, avec toujours du Platon (cette fois, Le Banquet) : Plaguers, de Jeanne-A Debats (éditions L’Atalante)

 

Informations complémentaires

Chroniques d’une humanité augmentée, de Pascal Bléval http://pascalbleval.wordpress.com/

Format : Format Kindle

(Ce titre étant une auto-publication, l’auteur a pris le parti de le vendre uniquement via Amazon. Et ça, ça blesse mon petit cœur fragile de libraire, et mon autre petit cœur fragile de lectrice qui aime partager ses lectures et prêter ses livres. Une version papier serait en préparation… toujours via Amazon, hélas. Amis éditeurs, qui parmi vous sera le premier à proposer à Pascal Bléval un contrat ?)

Taille du fichier : 963 KB

Nombre de pages de l’édition imprimée : 67 pages

Utilisation simultanée de l’appareil : Illimitée

Vendu par : Amazon Media EU S.à r.l.

Langue : Français

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