Plaguers et Platon
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Je suis impardonnable. Je n'en reviens pas d'avoir oublié, dans ma chronique dédiée, de vous citer ce texte de Platon, que m'a rappelé la description des Uns et des Unes dans Plaguers, de Jeanne-A Debats :
"... chaque homme dans son ensemble était de forme ronde, avec un dos et des flancs arrondis, quatre mains, autant de jambes, deux visages..."
C'est par cette "malédiction originelle" que l'on peut comprendre la quête de l'amour, qui consiste à chercher "sa moitié perdue" afin de redevenir un :
"Or, quand le corps eut été ainsi divisé, chacun, regrettant sa moitié, allait à elle; et, s'embrassant et s'enlaçant les uns les autres avec le désir de se fondre ensemble, les hommes mouraient de faim et d'inaction, parce qu'ils ne voulaient rien faire les uns sans les autres ; et quand une moitié était morte et que l'autre survivait, celle-ci en cherchait une autre et s'enlaçait à elle (...).
C'est de ce moment que date l'amour inné des hommes les uns pour les autres : l'amour recompose l'antique nature, s'efforce de fondre deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine."
Selon le texte de Platon, ces humains "doubles" ont été coupés en deux pour avoir osé remettre en question le pouvoir des dieux ; dans Plaguers, ils sont au contraire une évolution porteuse d'espoir pour l'humanité.
Et l'amour, loin de résulter d'une malédiction, est la puissance nécessaire à notre salut.
(Texte cité : Platon, Le Banquet, traduction E. Chamdry, en ligne ici)