Contacté par BloggingBooks ?

  • A l'ombre des nénuphars
  • Edition, Livres

Si vous arrivez sur cette page parce que vous avez été contacté par BloggingBooks https://www.bloggingbooks.de/, vous avez sans doute reçu le même message que moi :

« (…) Nous procédons à une recherche intensive de blogs intéressants que ce soit au niveau du contenu qu'au niveau [sic] de la mise en page. C'est à cet effet [sic] que nous vous faisons une offre de publication pour votre blog.. [sic]

(…) Si cette offre vous intéresse ou si vous avez des questions, je vous serais reconnaissante de bien vouloir revenir vers moi par courriel.

Pour plus de renseignements, vous pouvez également visiter notre site web: www.bloggingbooks.de »

Ma première réaction a été : mais pourquoi diable vouloir publier des chroniques de livres ?!

Ma deuxième réaction : tiens, une maison d’édition dédiée aux blogs, c’est une bonne idée : il doit y avoir des pépites dans leur catalogue (notamment en BD).

J’ai donc suivi le conseil de la dame et suis allée sur leur site afin de savoir qui est donc BloggingBlooks. Et j’ai bien ri.

1. Le rôle de la maison d’édition

L’auteur écrit ; la maison d’édition, elle, assure tout le reste : travail sur la maquette et la couverture, relecture, préparation à l’impression, marketing, lien avec les diffuseurs et/ou les libraires, etc. Or, ici, on apprend que c’est l’auteur qui se charge de tout :

« (…) nos auteurs reçoivent leur compte personnel et peuvent ainsi transmettre leurs manuscrits en ligne, créer la couverture du livre, finaliser et autoriser l’impression du livre. »

2. Droits

Les droits d’auteur sont en principe cédés à la maison d’édition pour un laps de temps défini. Or, ici la durée n’est pas précisée :

« Bien que nos auteurs nous aient transférés [sic] le droit d’édition exclusif pour leurs œuvres, ils retiennent toutefois le droit de publier une partie de leur ouvrages [sic] sous d’autres formes »

3. Prix de vente

Le prix de vente d’un livre varie en général entre 4 € pour un livre de poche, jusqu’à 25 € pour un roman grand format ; pour les livres d’art, plus coûteux en impression du fait de la présence de photos, on peut être autour de 50 €. Le prix d’un livre est crucial pour être acheté par les libraires… et donc par les clients :

« Les prix de nos livres varient généralement entre 20 et 50 euros. En réalité, les livres imprimés à la demande génèrent plus de coûts unitaires que si imprimés conventionnellement à grand tirage. »

Je veux bien, mais dans le coût, il y a aussi le travail de l’éditeur et de ses prestataires ; or, ici, tout est assuré par l’auteur…

Contacté par BloggingBooks ?

4. La distribution et la diffusion

En France, le nom du distributeur (en gros : le prestataire qui reçoit les commandes et prépare les livraisons) et du diffuseur (en gros : celui qui présente les nouveautés et avec qui on négocie les remises) est un élément clé pour les libraires dans leur décision de commander ou pas un livre : dans un marché où il y a plus de 65 000 titres vendus par an, les conditions d’achat et de retour sont cruciales. En France, les éditeurs travaillent avec un seul diffuseur et / ou un distributeur.

Sur le site de BloggingBooks, on a une liste de plusieurs « diffuseurs » pour la France.

Après vérification :

  • Aux amateurs de livres est bien référencé dans DILICOM (la base des libraires pour leurs interlocuteurs), mais est spécialisé dans la vente à l’international, pas en France ;
  • French Book Distribution n’est pas dans DILICOM, mais semble bien faire de la vente à l’international de livres français ;
  • Dawson France  fournit des livres aux bibliothèques à l'étranger ;
  • Talion diffusion services est un point de vente à Montrouge (pas un diffuseur ni un distributeur) ;
  • La SARL Flac est dans… le nettoyage ;
  • Le Nouveau Pont est introuvable dans le domaine de la diffusion de livres ;
  • RezoBook a bien existé, mais est devenu RezoLink, et les liens semblent désormais inactifs.

De plus, la liste de ces « diffuseurs » est la même que celle des autres « maisons d’édition » du groupe OmniScriptum :

lesquelles proposent le même type de fonctionnement que le groupe OmniScriptum.

Le groupe relève du droit allemand, ce qui complique un peu les choses en cas de litige. Leur site Web est très clair : OmniScriptum fait de l'impression à la demande, ce n'est pas un éditeur.

Conclusion

C’est donc l’auteur qui fait le travail de maquette, de relecture et de préparation à l’impression ; la cession des droits est à durée indéterminée ; le prix de vente est exorbitant et donc rédhibitoire pour les libraires, et selon le témoignage d’une autre bloggueuse contactée par BloggingBooks, les droits d’auteur ridicules et payés sous forme d'avoirs...

Il va sans dire que je ne vais pas donner suite à cette approche !

D
Ton article me confirme ce que j'imaginais un peu, car ça paraissait trop beau pour être vrai et il y a une bonne raison à cela, et je vais te dire laquelle<br /> Quand on écrit un livre et qu'on l'adresse à une maison travaillant à compte d'éditeur, on a peu de chances d'être retenu<br /> Alors pourquoi serait retenue une compilation d'articles de blogs, si bons soient-il, mais qui ne sont pas écrits dans l'esprit d'une publication? Si je prends mon cas, je pense que mon blog est lisible, article par article, mais qu'il ne le serait pas dans un ouvrage de 200 pages brochées<br /> En tous cas bravo pour ton article, de mon côté, j'attends une proposition de rêve de la part de l'éditeur que tu cites...
Répondre
J
Il faut aussi fournir l'encre et le papier à l'imprimerie, puis prendre son véhicule perso pour apporter les exemplaires édités aux distributeurs ?
Répondre
A
Ah, ça n'est pas précisé pour l'encre et le papier - mais pour le reste, je pense qu'il y a un peu de ça aussi ^^.<br /> C'est amusant quand on décortique un peu le système ; ça doit l'être moins pour les auteurs qui foncent tête baissée :(
E
Au secours ! :D
Répondre
M
Je suis libraire et je ris, ohlala je ris. <br /> Je me dis que le pire serait qu'un client souhaite commander un titre de cette maison d'édition. Ce genre de distributeur est une plaie : remise à se manger les doigts, livre payable d'avance, pas de possibilité de retour, frais de ports énormes (pour peu que ces intermittents-de-la-réflexion passent par Prisme et on se retrouverait avec 15€ de frais de livraison pour UN livre) pour qu'à la fin ton client ne te dise : &quot;c'était trop long alors je l'ai commandé sur internet&quot;. Hinhin. (ne ris pas, ça m'est déjà arrivé.)<br /> <br /> Et sinon elles sont jolies les couvertures de ces livres, on dirait des pubs pour fuites urinaires.<br /> http://www.amazon.fr/s/ref=sr_nr_i_1?rh=k%3Abloggingbook%2Ci%3Astripbooks&amp;keywords=bloggingbook&amp;ie=UTF8&amp;qid=1403035424
Répondre
S
Les couvertures ne sont pas faites par l'éditeur, mais par les auteurs : forcément, c'est moins facile d'être à la fois graphiste, maquettiste, correcteur, en plus d'être auteur ! De plus, les &quot;diffuseurs&quot; n'en sont pas vraiment : ce sont plutôt des revendeurs pour l'étranger, pas pour la France. Bref, quand on est libraire en France, c'est quasi impossible de vendre ces titres-là... D'où la liste que j'ai épluchée afin de savoir ce qu'il en était, qui était partenaire.
Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog