Goodbye Billy de Laurent Whale

 29 septembre 2015
 A l'ombre des nénuphars
 Livres

Billy the Kid n’est pas mort. Certains prétendraient qu’il continue à jouer du revolver là où Elvis et Michael continuent à danser. Laurent Whale a une autre théorie, moins « boule à facettes », mais tout aussi intéressante. Bienvenue dans Goodbye Billy.

Le mot de l’éditeur

14 juillet 1881, Old Fort Sumner. Lorsque la nuit tombe sur ce coin perdu du Nouveau-Mexique, l’Ouest américain ne le sait pas encore, mais on va l’amputer d’une légende. Tapi dans l’ombre, Billy the Kid attend son heure. Dans quelques secondes, ses actes changeront à jamais le cours de l’Histoire.

Décembre 2012, Washington, bibliothèque du Congrès. Un archiviste examine un exemplaire du Miami Chronicle daté de 1934. Soudain, une photo retient son attention : les revenants existeraient-ils ?

Tandis que les sbires d’un candidat à la présidence suppriment les dossiers compromettants de leur employeur, un groupe d’historiens de choc, dirigé par Richard Benton, se met en quête de la vérité. Quel lien unit donc un jeune hors-la-loi du XIXe siècle à un requin politique de l’ère spatiale ?

Dick Benton et son équipe feront l’impossible pour le savoir.

Mon avis

Dès les premières lignes du prologue, on entre dans la légende du Kid, et c’est parti : notre cerveau enclenche des musiques de westerns façon Sergio Leone. Prologue, premier chapitre… et là, paf, on revient au XXIe siècle, et on embraye avec une équipe composée de petits génies : lesbiennes hackeuses type Lisbeth de Millenium, vieil employé gardien des pires secrets des États-Unis (Kerouac ! belle trouvaille), et nouveau boss (Dick) envoyé ici comme au placard, mais finalement non c’est pas mal… C’est un peu too much, me suis-je dit, comme si on avait mis en roman les aventures d’une équipe de rôlistes blindés en points d’XP. Pourtant, sans doute par l’alchimie du verbe, on se laisse joyeusement emporter dans leur équipée à travers le pays.

Les chapitres alternent très vite, la chronologie n’est pas forcément respectée sans qu’on comprenne pourquoi ; même l’auteur s’est perdu à un moment (p. 181, l’année devrait être 2012 et pas 2013). J’avoue une préférence pour les chapitres « Billy » façon western, peut-être pour le dépaysement, ou pour Billy au cours de sa virée en solitaire, sacrément attachant de par sa foi en sa bonne étoile.

Dans le récit « époque contemporaine », l’équipe des Rats de poussière (au fait, pourquoi ces « dust rats », d’ailleurs ?) a beau être très sympathique, ils sont trop géniaux pour être vrais. Ces chapitres modernes tournent parfois à la grosse farce, et j’ai bien ri lorsque deux agents du FBI en planque vivent un moment « mais que nous arrive-t-il ? » provoqué par une « diversion » pas du tout crédible, mais plutôt amusante. D’autres passages sont très durs, avec force sévices et meurtres abominables. Le gros point noir : je n’ai pas été convaincue par les motivations d’Antonia. Mes favoris : les chapitres au cours desquels nous suivons Ethan sont bouleversants ; et la virée en avion, bien que longue par rapport à l’intrigue générale, est un délice (comme l’étaient les scènes aériennes dans Les étoiles s’en balancent).

Pour conclure : un très bon divertissement même si certains points de l’intrigue ne m’ont pas convaincue. On a bien envie et d’en lire davantage sur Billy the Kid, et de suivre cette équipe de bibliothécaires géniaux. Ça tombe bien : Laurent Whale a publié cette année leur deuxième aventure, toujours aux éditions Critic : Le Manuscrit Robinson http://editions.librairie-critic.fr/nos-livres/policier-thriller/le-manuscrit-robinson.html .

Extrait

« Courbé en deux, [Billy] avança dans l’angle mort de Buckshot. À une trentaine de mètres de son objectif, il se trouva en vue de ses compagnons. D’où il se tenait, il voyait la cahute tressauter sous les impacts. Comment un type pouvait-il survivre à ce déluge de ferraille ? Conscient d’écrire sa propre légende, le Kid se dressa et fonça, son bras tendu devant lui.

La suite se déroula très vite. »

(p. 133)