Les Souffles ne laissent pas de traces, de Timothée Rey

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Vous hésitez entre une bonne enquête policière et un chouette roman historique ? Moui… mais en ces temps moroses, vous aimeriez bien vous payer une bonne tranche de rire. Avec Les Souffles ne laissent pas de traces, Timothée Rey vous évite de choisir !

Le mot de l’éditeur

Une steppe froide, quelque part dans l’Europe paléolithique, non loin du grand glacier continental. Armés de sagaies à pointe d’os, neuf hommes et femmes traquent un bison. Mais voilà que, juste après l’abattage de l’énorme bête, l’un des chasseurs se volatilise sous les yeux de ses compagnons ! La peur s’installe dans le Val Velu, où se tient le grand Jamboree printanier réunissant tous les clans et nations. Chacun est convaincu que cette disparition est le fait des Souffles, les fantasques et cruels dieux des vents.

Chacun ? Non. Collembole N’a-Qu’un-Œil, quoique chamane du clan des Ronces et servant du Grogneur, le dieu-ours de la mort, est un irréductible rationaliste. Il ne croit pas à la thèse surnaturelle. Accompagné de son disciple Queue-d’Aurochs, il mènera une enquête dangereuse, aux rebondissements insolites, pour débusquer le plus retors des meurtriers.

Les Souffles ne laissent pas de traces, de Timothée Rey

Mon avis

J’ai découvert l’humour décapant de Timothée Rey grâce aux micronouvelles qu’il publie dans la Microphéméride depuis le début du collectif. Auteur pointilleux sur les règles d’orthotypographie tout autant que sur le choix du moindre mot, il a de plus le don de me faire rire à coup de jeux de mots, contrepèteries et références à gogo. Revers de la médaille : j’ai hésité avant de me lancer dans ce roman, parce que je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Ce genre d’humour et ce contrôle absolu du texte pouvaient-ils tenir sur la durée ?

Test plus que réussi, puisque j’en redemande !

Dès le prologue (une scène de la guerre entre la confrérie des hommes Tortues et celle des femmes Hases…), Timothée Rey a réussi à faire revivre un Néolithique très actuel, rappelant que les motivations de l’être humain et son ingéniosité restent les mêmes malgré le temps qui passe : vengeance, amour, appât du gain, pouvoir… Le chamane hors du commun Collembole N’A-Qu’un-Œil, qui préfère d’abord chercher les causes rationnelles et humaines avant d’envisager des causes surnaturelles aux disparitions, se révèle être un sacré bon enquêteur, avec un humour grinçant et un sens de l’ironie qui le rendent fort attachant. Autour de lui, gravitent des personnages tout aussi décalés que ce chamane sceptique : évidemment un disciple talentueux (Farouch Queue-d’Aurochs), mais qu’on aime bien taquiner ; une autre disciple (Sphaigne) qui s’impose à coups de caprices ; un autre chamane (Aspérule) adepte des champignons. Et comme l’action se déroule au cours d’un Jamboree – un rassemblement de plusieurs clans – Timothée Rey en profite pour jouer davantage avec les noms : le séducteur Granite Trompe-de-Mammouth, le guerrier musculeux qui parle de lui à la 3e personne Choque-Nourrice, ou encore Lichen-le-Survivant (!) et Albugo Belle-Jambe qui me fait furieusement penser à Ugo Bellagamba… Vous l’avez compris, les clins d’œil et les références pullulent, dans cette histoire servie par un style utilisant un vocabulaire riche et léché.

Sous la loufoquerie apparente sont évidemment abordés des sujets très sérieux, comme l’emprise d’une caste religieuse sur un groupe humain, et la place des hommes et des femmes dans chaque société : lorsque Collembole apprend que le groupe des Gobeurs-de-fumée (qui vivent couchés, constamment défoncés) a un homme pour chef, il s’en étonne (et en profite pour aligner les clichés) : comment, un chef, pas une cheffesse ? Mais les hommes sont bien plus violents !

Je me suis tellement amusée à la lecture de l’enquête de Collembole que cela m’a fait oublier les quelques inégalités dans le traitement de l’histoire : justement comment est expédiée la résolution de la première disparition, ou encore le décalage entre ce que vit le personnage qui apparaît dans le prologue et comment on la retrouve plus loin. Peu importe : la couverture indique « Une aventure… I », ce qui me laisse espérer un tome II… et c’est tout ce qui compte !

Bref : un gros coup de cœur pour cette enquête de chamane sceptique, en plein Néolithique !

 

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Informations complémentaires

Les Souffles ne laissent pas de traces, de Timothée Rey

Éditions Les Moutons électriques ; diffusion et distribution Harmonia Mundi

Site éditeur : http://www.moutons-electriques.fr/livre-262

Format 17x21 cm

19,90 €

320 pages

Paru le 7 janvier 2014

SCOOP : le deuxième tome est en cours ! http://www.moutons-electriques.fr/livre-337

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