Kisasi, d'Aurore Perrault

  • À l'ombre des nénuphars - Gertrude - Sandrinoula
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La fin d’un éditeur est toujours triste. Quand Griffe d’encre a annoncé sa fermeture, cela m’a vraiment peinée. À défaut d’avoir les moyens de racheter l’intégralité de leurs stocks, je me suis contentée d’acquérir quelques-uns de leurs titres qui me faisaient très envie depuis longtemps. Et parmi eux, leur dernière publication, le superbe roman d’Aurore Perrault, Kisasi.

Kisasi, d'Aurore Perrault

Le mot de l’éditeur

De nos jours, à l’est de la République Démocratique du Congo.

Les groupes armés qui occupent le pays depuis la fin du génocide au Rwanda utilisent toujours une terrible arme de guerre : les violences sexuelles sur les femmes et les filles.

Aïssata fait partie de ces victimes. La rage qui la porte a fait d’elle un bourreau pour ses anciens tortionnaires et son seul moteur est désormais la vengeance.

Charles, médecin français, dirige un dispensaire en pleine brousse et tente d’aider au mieux les victimes.

Entre magie et convictions morales, un équilibre est-il possible entre celle qui détruit et celui qui répare ?

Mon avis

Superbe. Poignant, dérangeant. À travers le face-à-face du médecin qui force l’oubli des patientes et de la guerrière qui exacerbe leur colère, sont évoqués de nombreux sujets habituellement dans l’ombre : la déstructuration de toute une société, le viol utilisé comme arme de guerre, la résilience des victimes, mais aussi l’engagement du personnel médical sur le terrain. Le style est efficace, précis, incisif. Sans concession, mais sans exhibition non plus. Pas de violence gratuite ni « esthétique », seulement des faits. De ceux que pourraient relater les médias s’ils s’intéressaient au sujet.

Dans ce court roman, l’intrigue tient à la véracité des personnages et à la complexité de leurs relations. Aïssata avance portée par sa colère et son besoin de vengeance, et entraîne avec elle de nombreuses personnes – même le lecteur. Cette colère est compensée par l’humanisme du narrateur, le médecin, qui lui est porté par sa propre histoire. À la fin du récit, je ne sais toujours pas qui je soutiens le plus, ou s’il est vraiment nécessaire de prendre parti.

Pour aller plus loin

Kisasi m’a ramenée quelques années en arrière, et m’a rappelé le fabuleux travail de soutien aux survivants effectué par l’association Parcours d’exil. J’ai retrouvé dans ces pages, dans le personnage d’Aïssata, l’énergie qui soutenait les patients du centre, leur force, leur espoir malgré les horreurs qu’ils avaient surmontées.

Association Parcours d’exil http://www.parcours-exil.org/

Informations complémentaires

Kisasi d’Aurore Perrault, éditions Griffe d’encre http://www.griffedencre.fr/

Distribution : Griffe d’encre

Illustrateur : Zariel http://zarieletfili.blogspot.fr/

116 pages

979-10-92349-12-2 PVTTCC

9 €

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