Un OLNI au milieu des dieux déchus

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http://www.ed-malpertuis.com/IMG/arton56.jpgL’Olympe déchue, Prague, Paris, Dis, les concerts de metal, le cœur du cyclone, Araf, une boîte de nuit… Bienvenue dans un cortège de dingues.

 

Quatrième de couverture
"Entre amnésie salvatrice et quête de l’identité et du pouvoir, des dieux déchus traversent les siècles, menant une guerre larvée contre le Ciel et l’Enfer. Certains ont choisi de faire cavalier seul, quelques-uns comme les Juges des Morts se sont aménagé des domaines à leur convenance, d’autres enfin dissimulent leurs activités au sein d’un cirque pour le moins étrange.
Des collines de la Grèce antique aux envoûtantes ruelles de Prague, de la Ville Lumière aux projecteurs d’Hollywood en passant par le cœur d’une tornade, une église reconvertie en boîte de nuit et une station de métro pas si désaffectée que ça, le cycle du Sunset Circus vous invite à suivre la décadence, les vicissitudes et hauts faits de ces survivants d’un autre âge.
Un roman flamboyant qui développe un univers de fantasy moderne habité par un panthéon baroque, et dont l’imagination mythologique évoque Neil Gaiman et Roger Zelazny."


Mon avis
Ceci n’est pas un roman. Ce n’est pas un recueil non plus. C’est un OLNI, un objet littéraire impossible à identifier. Une chose est sûre : la musique qui convient à cette lecture est un opéra wagnérien, ou un concert de metal…
Tout démarre par une trahison : « Etoile du matin, sombre destin » est le premier texte, le mythe fondateur de tous les textes qui suivent ; l’écriture a des accents de récit mythologique et on y plonge comme dans une cosmogonie d’Hésiode.
Le temps n’est pas linéaire ; aussi, Sur les traces d’Arcimboldo nous entraîne à Prague au XVIe siècle, alors que sévit dans cette capitale sublime un mal bien étrange… Est-ce le Golem ? Est-ce l’Europe de l’Est ? J’ai retrouvé dans ce texte le merveilleux presque triste que j’avais tant aimé chez Isaac Bashevis Singer dans  Satan à Goray.

Autre époque, autre capitale : Paris de l’entre-deux-guerres, 1925 ; « L’Avaleur de sabres » nous fait plonger pour la première fois de cet ouvrage au cœur du Sunset Circus à travers la quête d’identité d’un personnage… que vous êtes, puisque c’est écrit à la deuxième personne (assez rare pour être surprenant et noté  !) . En plus de cette ambiance de sable et de lumières tamisées, j’ai aimé le petit clin d’œil à l’univers d’Emile Delcroix.
Cette quête de l’identité continue dans « Être de taille » : de l’envie de vivre ou de l’amour, qui peut vaincre vraiment la mort ? Ici aussi, divinités déchues tentent de survivre dans un monde tellement différent de celui de leurs origines : un magasin de tailleur peut cacher bien des commerces illicites. Un coup de ciseaux dans un tissu peut signifier tellement plus... La fin m’a bouleversée. Je n’ai pas pu lire avant le lendemain. Comme pour un bon vin, j’ai eu envie de savourer ce texte longtemps avant d’en lire un autre.
Au début de « Rise and fall of Bianca Nera », vous vous croyez « arrivé », enfin à cette époque-ci que vous vivez ; on vous présente Bianca, une « survivante » de ces décennies où sexe et drogues se révélaient mortels, et déjà, vous admirez sa force et sa voix. Peu à peu, au fil du récit, elle fait se révéler le narrateur, et vous plongez bien plus loin dans le temps... et découvrez que les dieux se cachent là où vous les attendez le moins.
Ces premiers textes constituent l’apéritif ; lorsque l’histoire de Bianca se « termine » (mais les histoires s’achèvent-elles vraiment ?), vous entrez au cœur de cet ouvrage : voici " Le Cortège des fous ".
Ces fous, ce sont les chasseurs de cyclones, le Sunset Circus, les dieux oubliés, les combattants des nouvelles religions, Pierrot la Lune, les humains... Cette novella au centre du livre, à l’inverse de l’œil du cyclone, vous transporte plus loin encore que les premiers textes. Alice tombant dans le puits sans fond n’était pas plus déboussolée que vous qui lisez ; le temps n’est donc pas linéaire, la mort n’est pas la fin, les êtres ne sont pas « un » et indivisibles, les dieux existent et n’existent plus...
Et puis, vous sortez enfin de cette folie, et vous arrivez en « Araf ».
Et là, j’ai découvert une histoire d’amour qui m’a fait reléguer Roméo et Juliette à la maternelle, et Twilight aux WC (comment ça, « ça y était déjà » ?). On savait que l’amour défiait le temps et la mort, mais là vous apprendrez comment l’amour se fout des dieux, qu’il peut survivre alors que l’univers explose.
La dernière histoire est comme la petite amande avec le café. C’est très bon parce que tellement drôle et décalé, mais ça ne va pas forcément avec le menu qui a précédé. Après le souffle puissant d’ « Araf », cette farce m’a parue presque déplacée. Elle aurait sa place dans un recueil de textes déjantés comme sait les écrire Jacques Fuentealba, mais pas forcément dans cet ouvrage-là.

En conclusion :
Jacques Fuentealba est décidément un auteur prolixe et hétéroclite. Il excelle dans les micronouvelles (notamment ici : Fablimi  et ici : Microphémérides), a publié un roman « Paris, fin XIXe » : Emile Delcroix et l’ombre sur Paris. Ici, il nous montre la fascination qu’exercent sur lui mythologies et religions, et n’hésite pas à mêler divinités et croyances en une dimension originale, teintée d’un brin de nostalgie... dans des tons sépia... et avec des personnages habillés de cuir.

 

Bref, si vous êtes férus de mythologie, de musique à fond et de virées en voiture, cet OLNI est à lire absolument.

Informations complémentaires

Le cortège des fous

N° 18 - ISBN : 978-2-917035-22-1 - 15,6 x 23,4 cm. 276 pages. 16 €. - Parution : décembre 2011.
- Illustration de couverture : Roland Fuentealba

C
Je n'aime pas les virées en bagnoles.
Répondre
A
<br /> <br /> Tant pis. Essaie quand même ! ^^<br /> <br /> <br /> <br />
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