Ton visage, Pascal Millet

  • A l'ombre des nénuphars
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Vous rêvez, et dans votre rêve, un inconnu rescapé de l’Histoire vous offre la tête de votre femme sur un tissu bleu. Et quand vous ouvrez les yeux, vous ne reconnaissez pas la femme à vos côtés. Et si… ?

 

20130607_TonVisage.JPGLe mot de l’éditeur
Un homme troublé, scénariste, et sa femme, galeriste lors de la préparation d’une exposition. L’étrangeté s’installe entre eux et ricoche.
Préface de Lalie Walker

 

Mon avis
C’est un récit étrange, perturbant, que celui que nous livre ici Pascal Millet. Une histoire aux frontières de l’onirisme cauchemardesque et de l’enquête, celle que mène le personnage sur un meurtre pas encore commis, ou alors déjà consommé – mais comment savoir ?
Les frontières entre les temps et les lieux sont gommées, et les récits, celui du personnage et celui du scénario qu’il écrit, s’emmêlent ; au-delà d’une simple mise en abîme, c’est une confusion construite dans laquelle il faut plonger en une seule fois. Ce récit se boit cul sec, se lit d’une traite. Ne pensez pas le découvrir par petits morceaux, mais prévoyez deux heures sans interruption. Choisissez une musique sombre, aussi, torturée, pour assortir l’ambiance sonore aux tourments de cet homme anonyme que vous allez suivre dans son imaginaire, celui avec lequel il repeint sa vie – ne modifie-t-il pas tout son intérieur sur un coup de tête ? – et grâce auquel il expurge ses pires pulsions, dévoilées au rythme du scénario cathartique qu’il crée tout au long de ce court roman. Peu de noms, seulement le prénom de sa femme, celui d’une actrice androgyne, et le nom complet de ce rival supposé. Comme si seule la menace pouvait être identifiée.
Ne vous laissez pas dérouter par ce style épuré, par cet alignement parfois essoufflé de phrases courtes ; vous lisez un scénario, non, deux, au moins. Peut-être garderez-vous en mémoire les touches de couleurs qui parsèment, ici et là (comme les flaques de sang sur les œuvres de « Peter Swan ») cette histoire étrange d’un mari qui ne reconnaît pas sa femme, donnant tout son sens à l’expression éculée de « Je ne la reconnais pas » que l’on entend parfois peu de temps avant une rupture.
« Il resta dans l’obscurité, essaya de se rappeler des formules de physique sur la vitesse, la distance et la masse, se demanda si l’on pouvait calculer le crash probable d’une couple, en mesurer l’impact et les dégâts causés. Que resterait-il après le choc ? »

 

Informations complémentaires
Ton visage, de Pascal Millet, aux éditions Rue du départ http://ruedudepart-editions.com/
12€
136 pages
ISBN : 979-10-90565-2  

 

Un grand merci à Catherine des éditions Rue du Départ de m’avoir fait découvrir ce texte vraiment original au cours du festival Passages de Témoins à Caen.

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Retrouvez les très jolis livres des éditions Rue du Départ au XIème festival Polar à la Plage http://lesancresnoires.com/fest2013prog.htm organisé par l’association Les Ancres noires http://lesancresnoires.com/ , du 14 au 16 juin.

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