Métaphysique du vampire
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Si les vampires n’ont pas d’âme, peuvent-ils croire en quelque chose ? S’ils sont morts et qu’il n’y a rien après la mort, comment existent-ils ? Si « je pense donc je suis », et qu’un
vampire pense, c’est qu’il est, et donc qu’il est vivant… mais puisqu’il est mort et qu’il n’y a rien après la mort…
Pfiou. Ça pourrait devenir compliqué. C’est pour cela que Navarre, lui, agit et évite de réfléchir.
Découvrez ce vampire assassin au service du Vatican, habile à manier épée comme facultés psychiques, et à la langue acérée comme ses canines.
Le mot de l’éditeur
Raphaël est un drôle de vampire. Non seulement il est vieux et immortel, mais il entretient un rapport ambigu avec le Vatican. Pour tout dire, il travaille en sous-main pour lui… comme espion
assassin. Normal, avec ses dons de vision, ses capacités surnaturelles, il ne peut être qu’un agent hors normes ! Or, voici qu’il se rend au Brésil, mis sur la trace d’une autre créature de la
nuit dangereuse, qu’il doit capturer… ou éliminer. Accompagné d’un prêtre, Ignacio, et d’une vampire, Dana, le voici embarqué dans une sombre aventure où la moindre erreur de jugement peut se
révéler fatale. Mais Raphaël pense. Lui.
Avec Métaphysique du Vampire, Jeanne-A Debats nous livre un roman d’aventures fantastique efficace, roublard, au
langage… mordant. Ou comment Audiard rencontre Joss Whedon. Pour le meilleur, bien sûr !
Mon avis
C’est en lisant la novella La Vieille
Anglaise et le continent (aux éditions Griffe d’encre) que j’ai eu mon premier coup de cœur pour un texte de Jeanne-A Debats ; et la lecture de certaines de ses nouvelles (notamment celle figurant dans l’anthologie Victimes et
bourreaux aux éditions Mnémos) n’a fait que confirmer : cette « diva grande gueule » (comme elle se définit elle-même !) a un style tranchant bien à elle, avec beaucoup d'humour.
Ce roman court reprend donc tous les mythes autour du vampire pour les exploiter à fond – ou les court-circuiter. On est dans les années 60, les souvenirs de la Seconde Guerre Mondiale et son
cortège d’atrocités invraisemblables est toujours dans les mémoires. Dans un ton très « bit-li » (récit à la 1ère personne, autodérision, action à gogo), on court et on frappe en même temps que
Navarre-Raphaël, dans les rues de Sao Paulo, et on se débarrasse avec jubilation (la même sensation cathartique que lorsque Tarantino dégomme Hitler) de ceux que le père Ignacio appelle encore «
la peste brune », sans pitié pour personne –même pas pour les alliés potentiels.
Jeanne-A Debats a créé un personnage de vampire qui s’assume, qui m’a rappelé certains côtés du Lestat d’Anne Rice (le Lestat façon « rock star épanouie », pas le torturé)… et un peu de Louis, aussi, de par l’humanité profonde qu’il cache.
Le livre en lui-même est un bel objet, comme tous ceux des éditions Ad Astra : couverture sobre et efficace, format moyen pratique,
prix raisonnable… et en bonus, une interview fort intéressante de l’auteur où l’on apprend (si on l’ignorait) que Navarre est un personnage récurrent de ses créations littéraires, et qu’elle le
fait évoluer dans plusieurs époques, de par son grand âge vampiresque. Conclusion : je vais bien sûr chercher les autres textes « navarriens », en espérant y trouver les mêmes ingrédients
d’humour noir, d’action et d’engagement. Décidément, la « bit-lit à la française » me plaît bien (voir L’Aube de la guerrière) !
Informations complémentaires
Métaphysique du vampire, de Jeanne-A Debats
éditions Ad Astra
13.00 €
Genre : Fantastique Vampirique -
Date de parution : 05/2012
ISBN : 9782919241088
Format : 115 x 180 – 180 pages – Reliure : dos carré collé