Le coeur n'est pas un genou que l'on peut plier
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Ah, la Saint-Valentin ! La fête des amoureux, la fête pour TOUS les amoureux !
C’est également le jour que le mouvement One Billion Rising a choisi pour en faire une journée révolutionnaire : celle où les femmes
ayant subi des violences dues à leur genre se lèvent (« rise ») et dansent, en une révolution pacifique, créative et lumineuse.
En hommage à cette journée militante, j’ai donc choisi pour vous Le cœur n’est pas un genou que l’on
peut plier, un roman dont le thème est à la fois l’amour, mais aussi et surtout le refus d’une violence méconnue : les mariages arrangés.
Le mot de l’éditeur
Ernestine a treize ans et une vie de collégienne bien remplie. Sa sœur aînée, Awa, se prépare à passer son bac quand elle apprend qu’elle doit rentrer au Sénégal pour se marier avec un cousin, en
vertu d’un accord conclu avant sa naissance entre les deux familles, dès l’été suivant. La tante des deux jeunes filles se révolte à cette idée.
Étrangement, Awa est moins virulente, mais Ernestine, quant à elle, n’imagine même pas que son destin soit déterminé par des adultes, sans son accord. Les femmes de la famille vont unir leurs
forces et leurs arguments pour convaincre le père ligoté par sa promesse et le sens de l’honneur.
Par-delà ce thème déjà beaucoup traité en littérature de jeunesse, c’est le ton et la manière qui diffèrent dans ce roman tonique, qui se joue des préjugés sur les familles africaines en France,
mais aussi sur la vie au Sénégal aujourd’hui.
Mon avis
Un véritable coup de cœur !
C’est grâce à l’émission Livrés à Domicile que j’ai découvert ce bijou, arrivé bien tard dans les
librairies de ma région, mais qui tombe à point pour cette Saint-Valentin pas comme les autres.
On a bien sûr une histoire terrible : celle d’une famille liée par l’honneur à une promesse faite en échange d’une nouvelle vie, alors qu’Awa n’était qu’un fœtus. On a bien sûr, en filigrane,
toute la douleur de l’exil pour les parents, et la difficulté à jongler entre réalité et histoire familiale pour les enfants.
Mais le tout est traité avec finesse et intelligence ; le texte regorge de traits d’humour, les personnages sont si vrais qu’on a l’impression d’entendre discuter nos voisins, et le tout est
ficelé sans accroc. Les situations difficiles sont affrontées ensemble, et le maître mot est la solidarité. Enfin, la scène finale au théâtre du Trianon avec son public bigarré est un pied-de-nez
final aux préjugés nés du racisme social…
Bravo !
Bonus
La jeune Ernestine joue le premier rôle dans L’école des femmes et le chapitre 1 du roman s’ouvre sur des vers résumant à eux seuls l’esprit et de cette grande pièce et du roman :
« Le mariage, Agnès, n’est pas un badinage :
A d’austères devoirs le rang de femme engage…
Votre sexe n’est là que pour la dépendance :
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu’on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité. »
En prime, cela va vous donner envie de (re)découvrir Molière, quel que soit votre âge !
Informations complémentaires
Le cœur n’est pas un genou que
l’on peut plier, de Sabine Panet et Pauline Penot aux éditions Thierry Magnier
Diffusion : Actes Sud – Distribution : UD
Parution en septembre 2012
12 x 21 cm / 176 pages
ISBN 978-2-36474-151-5
9 €