La quête 4
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Je vous l'avais annoncé, la semaine dernière devait être une semaine cruciale. Outre les divers coups de fil à des libraires, bouquinistes, au centre de formation d'où je sors, à la création des plans d'aménagement en 3D (je deviens une pro de SweetHome 3D), à la rencontre avec des élus, il y a eu ça :
Côté chiffres
Mercredi 11/12
J'ai reçu un premier prévisionnel - pas glop ; il a fallu dépoussiérer la boule de cristal et ressortir le tarot marseillais pour revoir toutes les prévisions de ventes, par rayon et format de livre, par mois (en août pendant la saison morte on vend beaucoup moins qu'en octobre pendant la rentrée littéraire) et par type de jour (le mercredi jour de marché attire bien plus de monde que le lundi - jour de fermeture hebdomadaire pour les commerces de toute la ville).
Jeudi 12/12
À partir de ces nouvelles ventes, le cabinet comptable a établi une deuxième version des données financières : plan de financement, plan de trésorerie (j'aime bien ce mot, il y a "trésor" dedans ^^), capacité d'auto-financement, résultats et bilans prévisionnels...
Vendredi 13/12 (la conseillère avait bien choisi la date !)
Munie de ce sésame, je suis allée convaincre la conseillère bancaire que oui, elle pouvait me prêter un peu d'argent parce que, oui, je serai capable de rembourser.
Encore un coup de baguette magique pour supprimer quelques milliers d'euros : ce montant "en trop" aurait obligé l'agence à demander un accord au niveau national. Le coup de gomme permet de garder le dossier à l'agence, et donc à faciliter les modalités de prêt. En trois heures, cette conseillère attentionnée m'a expliqué de nombreux points, notamment sur l'organisme chargé de monter les dossiers de demande de prêt d'honneur et de subventions, et sur les modalités de création d'entreprise.
Conclusion : mon projet ayant convaincu tous mes interlocuteurs, sauf l'organisme en question, je peux m'assoir sur l'espoir d'avoir des prêts d'honneur. Qu'à cela ne tienne, j'ai d'autres atouts dans ma manche. Non mais.
Côté local... : jeudi
J'ai enfin rencontré la fille de la propriétaire, la propriétaire étant trop âgée pour se déplacer. Nous avons fait le point ensemble des travaux à réaliser : une cheminée à condamner, ce mur-là à refaire, pose de baguettes par-dessus des raccords mal faits et pose de caches sur les fils électriques, pose de 3 m² de carrelage bizarrement disparu (jamais posé ?), installation de radiateurs et… d'un chauffe-eau :
— Mais pourquoi voulez-vous de l'eau chaude ? Vous n'allez pas prendre votre douche ici, ahahaha !
— Au moins pour nettoyer les 75 m² du local...
— Oh, vous savez, on a pris l'habitude de nettoyer à l'eau chaude mais ce n'est pas utile !
Et puis au détour d'une conversation entre l'agence et la "propriétaire", j'entends ça :
La propriétaire : Vous savez si les locataires ont déclaré aux impôts qu'ils ne devaient pas payer la taxe d'habitation pour le rez-de-chaussée ?
L'agence : Heu... non...
La propriétaire : S'ils ne l'ont pas fait, tant pis pour eux, hein ! C'est leur problème !
L'agence : Et pour la cave, vous allez la voir ?
La propriétaire :Ah non, je n'ai pas le temps ! Ce n'est pas ma faute si ça s'inonde, ça, c'est la mairie, hein !
Le local à louer est en effet au rez-de-chaussée d'une maison de ville dont les deux étages sont loués en habitation. Le précédent locataire louait le tout comme une habitation, et utilisait le rez-de-chaussée pour son commerce. Désormais, d'autres locataires occupent les deux étages.
Pour qu'un commerce ait le droit de s'installer, le propriétaire a toute une démarche administrative à effectuer auprès de la mairie et des impôts. Visiblement, ça n'a pas encore été fait...
Et le best of :
La propriétaire [à moi] :Vous n'allez pas être obligée de passer par le notaire, on va demander ça à un avocat que je connais, pour le bail. Mon fils est avocat !
Au temps pour la neutralité...
La propriétaire à moi :Vos parents peuvent se porter caution ?
Moi : Mes parents ?! [J'éclate de rire.] Ce serait bien la première fois depuis bien longtemps ! Mais ils n'ont rien à voir avec la société, mes parents... Ils soutiennent le projet, mais ils n'ont pas de part...
L'agence : Oui, mais vous comprenez... c'est une garantie... D'ailleurs, si vous pouviez m'envoyer leurs avis d'imposition...
Bref, entre une propriétaire qui n'a pas envie d'assumer et une agence qui n'y connaît rien,
c'est mal barré pour que tout soit en règle en janvier.