Interview L'Embarcadère (3/3)
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La librairie généraliste indépendante L’Embarcadère a ouvert ses portes le 26 janvier 2014 à Saint-Nazaire. Les deux libraires, Agathe Mallaisé et Sarah Trichet-Allaire, nous parlent de leur librairie, de leur parcours et de leurs rayons de prédilection.
Partie 3 : les livres
J’explique à Sarah et Agathe les raisons qui ont motivé les premières interviews de libraire : il s’agit de faire découvrir aux auteurs le travail des libraires, et les critères de choix des
livres qui sont en librairie.
À l’ombre des
nénuphars : qu’est-ce qui fait que vous n’achèterez jamais tel ou tel titre, ou qui vous feront craquer sans réfléchir ?
Agathe : En jeunesse, quand c'est marketé pour filles ou garçons, on ne prend pas, quand est stipulé dans le titre « pour les filles » ou « pour les garçons »... à part ça, on
essaie de ne pas être élitiste, mais il y a des titres qu'on défend, ou des titres qu'on n'aime pas qu'on a en magasin.
Pour les coups de cœur, ça va être le graphisme, la beauté de l'objet, la préciosité... Je suis très attachée à la forme.
Sarah : Je suis très bon public, je regarde beaucoup les résumés, mais la couverture doit donner envie. Si le contenu me plaît, ça ne me dérange pas que la couverture soit
moyenne mais il y a des limites ! Les titres doivent être accrocheurs, originaux, doivent donner envie. Les critères dépendent du rayon : sur la SF par exemple, je vais essayer d'avoir certains
genres, j'aime bien les titres un peu humoristiques, mais aussi l'anticipation. La maison d'édition compte, on va faire plus confiance à certaines qu'à d'autres. Par exemple, les éditions
Métailié pour qui j'ai un a priori très favorable.
Quand est-ce que je n'achèterai jamais un livre... peut-être quand les valeurs me sont étrangères, comme le racisme, ou l'intolérance. J'évite les titres trop sexistes, peut-être... Mais dans
l’ensemble, je suis bon public.
À l’ombre des nénuphars :
Quel est votre dernier coup de cœur ?
Agathe : Je peux parler d'une maison d'édition ? C’est Notari, distribué par les Belles Lettres. (Agathe me présente plusieurs titres de cette jolie maison d'édition pour les
petits, et les grands... Tous très beaux !)
Sarah : Le Linguiste était presque parfait (facile, c'est le dernier que j'ai lu!), et avant c'était La saison de l'ombre (Leonora Milano, Grasset), et Même
pas mort de Jaworski. (…)
À l’ombre des nénuphars : Un petit mot sur le livre numérique ?
Sarah : quand on a réfléchi au projet, on a réfléchi sur le numérique en général, pour faire une veille sur le sujet. L'idée aurait été de laisser un poste en libre-service pour
les clients, mais plutôt en orientant vers des titres libres de droits ou sans DRM (j'ai travaillé dans les logiciels libres avant). Le pari que je fais est que les gens qui lisent du numérique
sont des gros lecteurs, et qu'on peut les conseiller sur le numérique et leur vendre du papier. Ce n'est pas encore mis en place. On veut creuser aussi sur la lecture augmentée, pas seulement sur
le livre numérique, notamment via les applis en édition jeunesse. Il y a un gros problème de culture dans le domaine artistique et culturel, notamment en lien avec les droits d'auteur et les
politiques de reproduction, sur tout le domaine artistique.
À l’ombre des nénuphars : Le mot de la fin pour le blog ?
Sarah : sur le numérique et les libraires, il semble y avoir un fossé alors que je ne crois pas que ce soit contradictoire. Un mot de la fin... je trouvais dommage qu'il y ait
beaucoup de méfiance vis-à-vis de notre projet, parce que nous sommes jeunes, et que nous voulions pousser les rayons jeunesse et SF. Ça a manqué de crédibilité par rapport aux professionnels,
mais la plupart des clients aiment bien et sont contents, c'est ce qui compte. Il semble y avoir encore un élitisme dans la profession : on parle de démocratiser la culture, alors que les projets
soutenus peuvent être élitistes. (…) Je n’ai jamais su conclure !
Les deux libraires se sont vaillamment relayées pour répondre à mes questions, tout en gérant les clients et les représentants qui sont passés au cours de l’interview. Je suis partie alors que Sarah conseillait des clients de plus en plus nombreux et qu’Agathe choisissait cartes postales et marque-pages. Je n’ai pas eu le temps de les remercier correctement pour le temps qu’elles m’ont gentiment consacré, alors : merci, mesdames ! Et que l’Embarcadère continue son beau voyage
Carte d’identité de la librairie mise à l’honneur
Nom de la librairie : L’Embarcadère
Adresse : 41, avenue de la République 44600 Saint-Nazaire
Contact : 09 72 45 05 30 contact@librairielembarcadere.com
Internet : Site Internet / Page Facebook