Interview Embarcadère (1/3)
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La librairie généraliste indépendante L’Embarcadère a ouvert ses portes le 26 janvier 2014 à Saint-Nazaire. Les deux libraires, Agathe Mallaisé et Sarah Trichet-Allaire, nous parlent de leur librairie, de leur parcours et de leurs rayons de prédilection.
L’interview démarre après que je leur ai présenté le blog, vous les lecteurs, ainsi que le déroulement des questions.
Partie 1 : la librairie
À l’ombre des nénuphars : Présentez-nous votre librairie en quelques phrases...
Agathe : Saint-Nazaire est une ville de 70 000 habitants, dans laquelle il n’y a plus de librairie indépendante depuis la fermeture en septembre 2012 de Voix au chapitre. Sarah,
tu veux prendre le relais sur le projet ?
Sarah : Oui ! J'étais cliente chez Gérard Lambert. Le jour où il a dit « c'est fini », je me suis dit « il faut faire quelque chose ». À l'époque je ne connaissais pas le monde
de librairie, j’ai un parcours scientifique, et j’étais dans un milieu plutôt militant, investie dans les associations nazairiennes. J’étais alors salariée d'une association. Ça correspondait à
une période où je voulais changer de boulot. Du coup, j'ai créé l'association qui s'appelle Des voix au chapitre. Mon idée de départ
était une librairie associative, en pensant que vu la difficulté des librairies, il fallait innover. Au cours de la première réunion sont venues 40 ou 50 personnes, c’étaitun gros succès. On a
créé l'association qui avait pour but de réfléchir à comment une librairie portée collectivement pouvait se monter à Saint Nazaire. On a commencé des groupes de travail. Il y avait plein d'idées
saugrenues au début comme garder le local de Gérard, ou l’enseigne. Il y a eu la rencontre avec Agathe, qui avait un projet de librairie spécialisée jeunesse. Elle avait avancé sur le projet,
avec une étude de marché, elle avait suivi une formation, etc. Je me serais pas sentie d'y aller toute seule. Moi-même je suis partie de l'association où je travaillais, j'ai suivi une formation
à l'INFL : 70 heures et une période de stage. Il y avait beaucoup de personnes pas du milieu du livre, et les formateurs se sont montrés encourageants. Il fallait aller vite après la fermeture de
Voix au chapitre. En parallèle des stages, on a été accompagné sur la création d'entreprise, on a multiplié les rendez-vous, les papiers, etc. On a commencé à chercher un local. (…)
Agathe : Dès le départ, on
voulait être LA librairie indépendante de Saint-Nazaire et pas une petite librairie associative. (…)
(Les deux libraires évoquent les difficultés rencontrées lors du montage du projet, notamment en ce qui concerne le financement de cette nouvelle librairie.)
Agathe : Quand on avait l'impression que ça n’avançait pas, on a forcé les portes. On a pu prendre le local grâce à des prêts privés. Le local est bien la clé de voûte du projet !
Sarah : pendant l'été on a lancé [le projet de financement participatif via] Ulule avec l'association... (…) Ça a fait une communication énorme, ça a beaucoup circulé! On a eu
pas mal de chance sur la communication : Ulule, des articles dans la presse régulièrement, les Audacity Awards avec la cérémonie, une vidéo... tout s'est bien enchaîné. Et on continue aussi avec
les réseaux Internet.
À l’ombre des nénuphars : la librairie L’Embarcadère a été créée sous le statut particulier de SCOP : pouvez-vous nous en dire plus ? Pourquoi ce statut vous a-t-il paru le plus
approprié pour votre projet ?
Sarah : c'est suite à la réflexion de l'association sur un projet collectif ; le statut d'association était compliqué pour gérer une entreprise, une CIC était longue à monter et
on a donc choisi la SCOP. Nous avons été accompagnées avec l'union régionale des SCOP. Il y avait des éléments qui nous plaisaient : le fait d'être salariées, d'apporter une éthique à
l'entreprise puisque c'est le projet qui compte plus (une partie du résultat doit être réinvestie, les revenus sont limités, etc.). Nous sommes co-gérantes, mais c'est finalement compliqué, car
pas valorisé par le statut SCOP. Dans les SCOP, les salariés sont majoritaires et on garde le principe "une personne une voix".
À l’ombre des nénuphars : Votre librairie est déjà très présente dans de nombreuses animations : il y en a eu avant même l’ouverture ! Expliquez-nous l’importance que l’animation
a pour vous, et le rôle de l’association.
Sarah : On a eu en effet des commandes avant l'ouverture ! On répond à tout, ça participe au réseau ; la librairie doit répondre aux besoins de la ville, ça fait partie des
services qu'on propose. On fait des tables sur des événements. On accueille les premiers ateliers jeunesses pendant les prochaines vacances (création de masques pour le carnaval), et on fait des
rencontres d'auteurs. Il y a des auteurs BD ; on va accueillir Gérard Lambert qui a écrit un livre, depuis la fermeture de Voix au chapitre. Ce sera le premier auteur que nous recevrons
indépendamment de tout autre structure, c'est un beau lien. On a des rencontres, des partenariats avec d’autres structures culturelles, comme le théâtre (ateliers parents-enfants). On va
accueillir Nicolas de la Casinière, l’auteur de Les prédateurs du béton). Le débat sera animé par
quelqu'un d'extérieur à la librairie. On essaie malgré tout de ne pas être trop « marqué » : il faut que le fonds soit pour tout le monde... que tout le monde y trouve son compte.
Carte d’identité de la librairie mise à l’honneur
Nom de la librairie : L’Embarcadère
Adresse : 41, avenue de la République 44600 Saint-Nazaire
Contact : 09 72 45 05 30 contact@librairielembarcadere.com
Internet : Site Internet / Page Facebook