Bagneux ou la malédiction des sorcières revanchardes
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Tout était prêt. L’apprentie-sorcière avait rempli ses besaces, harnaché son cheval, envoyé des missives à travers tout l’empire de Fhan-Dhômh pour annoncer sa venue à ses homologues et à certains des grands maîtres et puissantes sorcières qu’elle sollicitait pour des entretiens. L’avant-veille de son départ, donc, tout était prêt. Elle avait même pensé à faire sécher quelques souris pour son félin de compagnie.
Le lendemain, alors que le soleil était à son zénith, un corbeau lui délivra un funeste message. Une des grandes prêtresses de sa famille avait rendu l’âme, il lui fallait rejoindre son clan au
plus vite. Adieu, veaux, vaches et cochons – Bagneux, crapauds et humains pétris de pouvoir : elle délaissa sa modeste monture pour prendre place dans le ventre
effrayant d’un serpent métallique et traversa landes, monts et rivières enchantées en moins d’une journée.
Sur place, elle et son clan durent affronter la fureur du vent, qui hurlait comme un fou depuis la disparition de la gentille prêtresse. L’air glacial passait partout, se glissait par le moindre
interstice du temple, soulevait les manteaux et gelait les membres. Les funérailles se terminèrent sans que le dieu ne calmât son souffle. L’apprentie-sorcière et son clan subirent ainsi le froid
et la violence des rafales durant deux jours et deux nuits.
Au matin du troisième jour, l’apprentie reprit la route ; il lui fallait à nouveau traverser la contrée dans le monstre de fer. Le voyage fut rude. Les démons virevoltaient dans ses entrailles,
la fièvre faisait bouillir son cerveau. Alors que défilaient les paysages enneigés sous des cieux lourds et gris, elle se prit à espérer que tout irait mieux lorsqu’elle serait loin des vents
fous.
C’était sans compter la malédiction des sorcières revanchardes. Car plus elle s’approchait de la capitale de Fhan-Dhômh, cette ville éphémère et nomade où se tenait le grand concile de printemps,
plus ses maux croissaient. En l’affaiblissant, les vents fous avaient ouvert la voie aux sorts des magiciennes de la capitale éphémère de Fhan-Dhôm : l’apprentie-sorcière n’avait pas honoré sa
promesse, et elle devait payer en abandonnant une partie de ses pouvoirs aux magiciennes.
Lorsqu’elle rejoignit enfin son antre, les fièvres et les tourments s’étaient emparés de tout son être. Chez elle l’attendait un monceau de missives, messages de soutien signés de ses amis,
lettres d’insultes anonymes, ainsi qu’un félin blasé.
Elle lutta, de toute sa volonté, depuis des jours, contre les fièvres, les faiblesses, les étourdissements, les démons ravageurs de muscles et d’entrailles. Elle lutta… mais il lui fallait
attendre le retour de l’astre d’or pour espérer retrouver ses forces. Et il ne lui en restait pas beaucoup pour alimenter ses blogs et naviguer sur les réseaux sociaux !
(Toute redondance ou lourdeur d’expression est loin d’être fortuite, et la présence de clichés et de maladresses parfaitement assumée. :) La fièvre est sans doute mauvaise conseillère ! )