Adieu Madame de Romilly

Un adieu à une grande, très grande dame. Moi aussi je suis triste.

 

(Article repris de Pérégrinations.)

 

photo_1292751954466-9-0.jpg"Madame de Romilly est décédée ce jour.

Il y a quelques jours, je pensais à elle en cherchant ses titres dans les rayons d’une librairie. Je me demandais ce qu’il adviendrait des lettres classiques, de l’hellénisme, de l’humanisme, le jour où elle disparaitrait.
Ce jour est advenu.

Madame de Romilly est comme une légende pour les hellénistes. Brillante, talentueuse mais aussi drôle, elle a croisé le parcours de plusieurs personnes qui me l’ont racontée. Sans que je ne puisse jamais, moi, la rencontrer.

Mes professeurs de grec ancien tout d’abord, qui tous l’admiraient pour sa connaissance de la langue grecque et pour sa volonté de continuer à faire vivre les valeurs démocratiques les plus nobles.

Mon professeur de grec moderne ensuite, qui me disait comment cette dame à l’âge déjà avancé passait des heures à nager dans les eaux calmes de la mer Égée.

Monsieur de Obaldia enfin, qui m’avait rapporté quelques-uns des bons mots de Madame de Romilly, assise à ses côtés à l’Académie Française. Je suppose que lui aussi va beaucoup souffrir de cette perte immense.

Je reprends ici les hommages relatés sur voila.Fr :
« Martine Aubry, Première secrétaire du Parti Socialiste, a salué "la mémoire de la femme: élève de la rue d'Ulm dans les années 1930 où les femmes y étaient rares, première femme élue au Collège de France, deuxième femme élue à l'Académie française. Jacqueline de Romilly restera pour beaucoup de femmes un symbole".
Pour le président du MoDem François Bayrou, agrégé de lettres classiques, elle "était un phare, à la fois par l'immense culture, la volonté de se battre sans cesse pour défendre les bases de cette culture à laquelle elle croyait (...), et aussi une infatigable volonté d'être présente par l'écriture".
"Elle désarmait par son espèce d'autorité naturelle. Elle avait ce mélange de simplicité, de sérieux et de gaîté des grands professeurs", a confié Bernard de Fallois. »

Elle savait faire comprendre l'importance qu'il y a à connaître, étudier, penser les textes de ceux qui nous ont précédés, à faire preuve d'humilité et de curiosité. Elle s'élevait contre la stupidité de la violence et de l'oubli.

En ces années noires pour l'enseignement des lettres classiques durant lesquelles les postes de professeurs de grec ancien et latin sont malmenés, sa mort est un coup dur supplémentaire.

« Les Grecs ont lutté contre la violence par des mots, des mots insérés dans des œuvres littéraires, de mots porteurs de sens ; mais les mots peuvent être les plus belles des armes et celles dont l’action est le plus durable. » (La Grèce antique contre la violence, ed. Livre de poche, p. 209)"

 

 

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