Utopiales 2017, jour 4 états généraux de l'imaginaire
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Ma quatrième journée aux Utopiales a été en grande partie occupée par "les états généraux de l'imaginaire". Trois heures que lecteurs de l'imaginaire - amateurs et professionnels - ont passées à réfléchir ensemble sur ces genres littéraires mal représentés en librairie et dans les médias.
Le contexte
Au début de 2017 une jolie maison d’édition a dû fermer ses portes, les éditions du Riez, et ce après Argemmios, Griffe d’encre, et d’autres petites maisons indépendantes qui proposaient un catalogue de qualité (dont des titres repris par la suite dans de grandes collections de poche). En parallèle a émergé l’idée d’organiser un « mois de l’imaginaire » en octobre, pour donner en librairie de la visibilité au rayon dit « science-fiction » mais où l’on trouve tous les genres littéraires de fiction « non mimétique » (science-fiction, fantasy, fantastique).
Plusieurs passionnés d’imaginaire se sont alors interrogés sur les raisons des difficultés rencontrées par le genre de l’imaginaire, peu visible en librairie et ce malgré l’importance de la SF, de la fantasy et du fantastique au cinéma et dans les séries. Dans la communauté de ces passionnés, pas de rôle précis : les lecteurs sont aussi auteurs, éditeurs, traducteurs, correcteurs, illustrateurs… Nous nous connaissons tous de vue, de nom, via les réseaux sociaux, ou même « en vrai ». Alors, au lieu de s’interroger chacun dans son coin, pourquoi ne pas réfléchir ensemble ? Au salon du livre de Paris a été lancé « l’appel de l’imaginaire » ; puis cet été a été créé un forum de travail pour préparer les premiers « états généraux de l’imaginaire ».
La demi-journée
Ceux-ci se sont déroulés aux Utopiales le 4 novembre 2017. De vaillants défricheurs de médias et de données chiffrées avaient préparé une présentation de l’état des lieux pour nous présenter entre autres évolution des ventes et des nombres de parutions, ainsi que retours de libraires et de journalistes sur ce genre. Dans le public, des auteurs, des éditeurs, des libraires, des bibliothécaires, des étudiants, et même des journalistes (l’incroyable Nicolas Martin de La Méthode scientifique sur France Culture, ainsi que le discret journaliste du Point Pop). Les statistiques ont montré une érosion des ventes générale pour le livre et une augmentation du nombre de titres. L’analyse des médianes a montré que le nombre d’exemplaires vendu par titre pour les 1000 « premiers » du top est très faible et a chuté depuis 2003.
Plusieurs sources ont été clairement citées concernant les lecteurs du genre (ration homme/femme, tranches d’âge, etc.), qui toutes font des constats différents. Concernant les lecteurs de livre numérique, la dernière étude détaillée que j’avais pu trouver était celle menée par l’enseigne Chapitre auprès de ses clients en… 2010.
Le débat qui a suivi a fait émerger plusieurs propositions, notamment celle d’un « observatoire de l’imaginaire » ; la reconduite du mois de l’imaginaire mais peut-être au printemps pour éviter d’être coincé entre rentrée littéraire et fêtes de fin d’année ; une concertation entre les organisateurs de festivals afin de bien « quadriller » le territoire hexagonal (ce qui serait intéressant de relayer aux organisateurs du Salon fantastique de Paris, qui se déroule en même temps que les Utopiales depuis plusieurs années) ; une meilleure formation des libraires.
Comment agir ?
Affaire à suivre, donc. Si cela vous intéresse, le forum de travail se trouve ici : http://www.actusf.com/forumimaginaire/index.php
Autre compte rendu : http://www.anudar.fr/2017/11/les-etats-generaux-de-limaginaire.html