Quaillou de Sylvain Lamur

  • À l'ombre des nénuphars - Gertrude - Sandrinoula
  • Livres, space opera

Internet, c’est pratique. À portée de clic, on y trouve tout le savoir du monde, on y retrouve des amis perdus de vue, on y déambule… C’est fou le temps qu’on peut y passer ! Et combien il paraît naturel de vivre avec. Tout ça, vous en prenez conscience lorsque votre fournisseur zélé vous coupe l’accès à un mois de votre départ parce que vous l’avez prévenu que vous vous apprêtez à déménager.
J’ai donc vécu sept semaines sans Internet, si ce n’est une pauvre connexion sur mon téléphone portable. Et pendant cet été, j’ai beaucoup, beaucoup lu. Malgré le déménagement, j’avais du temps, puisque je n’avais plus Internet…

Parmi les dix-sept titres de ma liste estivale, il y a Quaillou, de Sylvain Lamur, une sorte d’odyssée intersidérale déjantée, drôle et de temps en temps piquée de poésie, parue chez Rivière blanche.

Quaillou de Sylvain Lamur

Le mot de l’éditeur

Heurter un astéroïde en plein transfert hypo-spatial, voilà une prouesse rare... en ressortir vivant, c’est un exploit plus mémorable encore ! D’ailleurs, quand il voit ce monde étrange se développer autour de lui, Quentin croit d’abord à un rêve, ou à un délire post-mortem... Peut-être eût-il mieux valu que cela le soit, en vérité. En dehors de son nom de famille et d’une belle gueule, Quentin Quonnard n’a jamais rien eu de bien remarquable. Un boulot tranquille, une femme aimante, un brin collante... Les aventures qui vont succéder à son crash vont rapidement lui faire regretter de ne pas s’en être contenté. Car jamais il n’aurait dû avoir dans sa poche un QUAILLOU...

Mon avis

Concernant la qualité de la maquette, mon exemplaire regorge hélas de problèmes d’impression. Disons que cela ajoute au côté « foutraque » du roman… mais c’est bien dommage.

Côté texte, dès le début, on est dans le ton : la narration à la première personne nous fait découvrir un Quentin avec une habilité à manier la mauvaise foi, un brin cynique, sympa avec ses potes, charmeur avec les femmes et décidément peu apte à juger de la gravité d’une situation, mais vraiment chanceux : écrabouillé sur un astéroïde mort sur lequel la vie apparaît au fil de ses désirs, il est très vite câliné par des créatures aquatiques nées de ses fantasmes, aidé par son pote mort ah mais non… Les chapitres courts s’enchaînent et se dévorent, et on suit Quentin au cours de son périple intergalactique entre différents mondes, de ses aventures intra et extra-conjugales, et de ses démêlés avec des personnages secondaires riches en couleurs : on rencontre un Sage au Fin Fond de l’Espace fonctionnant à pièces et qui rappelle le grand Compute-Un de Douglas Adams dans H2G2 ; l’ennemi ultime, le grand méchant ultra capitaliste mafieux sans principes Helb-Feldt ; la secrétaire à vous faire fondre, mademoiselle S. ; mais aussi Zaelia et son élargisseur (une version hot du fantôme amateur de tuyauteries dans Harry Potter !), les mercenaires méchants et efficaces, le sauveur Allain (l’auteur ayant étudié la philosophie, y a-t-il là un clin d’œil au philosophe pacifiste ?), l’inspectrice ultra professionnelle, et j’en passe. Quentin, avec ses conquêtes féminines à la pelle, pourrait être un James Bond de l’espace ; heureusement, son sens de l’autodérision et sa répartie souvent irrévérencieuse le rendent vraiment sympathique.

À l’image des récits de « l’âge d’or » du space opera, l’imagination de l’auteur est foisonnante, qu’il s’agisse de décrire d’autres mondes habités, des intrigues politico-sentimentales ou d’autres formes féminines à séduire et à satisfaire. Au milieu de cette débauche d’action et de rebondissements, quelques touches de douceur, de gravité (la dernière phrase du dernier chapitre, précédant l’épilogue, est réellement émouvante) ou de poésie viennent rappeler que, oui on est là pour s’amuser, mais pas que. Un roman bien mené, sur un rythme complètement déjanté, et un personnage principal dont le charme agit même sur la lectrice que je suis.

Extrait

« Je vais te dire, Quonnard. T’as une belle gueule, mais je l’aime pas.

— C’est marrant ! J’allais dire exactement le contraire à votre propos. »

Cette fois, j’eus droit à mon revers.

« Tu progresses, tu t’es pas affalé par terre comme une merde.

— C’était un mot gentil, inspecteur ?

— -trice.

— Inspectrice. On fait quoi, maintenant ?

— On te coffre. (…)

— Je fais pas le malin, madame Breezia. J’ai juste conscience d’être sacrément mal embarqué, et j’essaye de garder les ultimes restes de dignité face à une dame qui me met des gifles. »

Elle eut un moment de recul, surprise. Puis elle me frappa à nouveau.

Pour en savoir plus

Entretiens avec l’auteur

http://propos-iconoclastes.blogspot.fr/2017/04/les-espoirs-de-limaginaire-sylvain-lamur.html

https://gaelledupille.wordpress.com/2017/03/16/interview-de-sylvain-lamur-lactu-des-auteurs-2017/

Biographie de l’auteur pour les Aventuriales

https://www.aventuriales.fr/2017/06/26/sylvain-lamur/

Informations complémentaires

Quaillou, de Sylvain Lamur, éditions Rivière blanche http://www.riviereblanche.com/collection-blanche-bl2151-quaillou.html

Illustration : Vincent Laik

ISBN : 978-1-61227-623-6  256 pages — 20 euros

Vente directe auprès de l’éditeur 

Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog