Le Souper des maléfices, de Christophe Arleston chez ActuSF

  • À l'ombre des nénuphars - Gertrude - Sandrinoula
  • Livres

Depuis la dernière rentrée littéraire, les éditions ActuSF développent une collection dédiée à la fantasy ; parmi leurs premiers titres figure ce curieux Souper des maléfices, écrit par un auteur bien connu des amateurs de bande dessinée qu’il fait rire depuis vingt ans : Christophe Arleston.

Le Souper des maléfices, de Christophe Arleston chez ActuSF

Le mot de l’éditeur

Les agents de Slarance ont tous été assassinés. Dernière d’entre eux, Zéphyrelle se voit confier sa première mission par le dynarque : mettre à jour les trafics qui empoisonnent la cité et déstabilisent son économie avec l’importation d’un blé étrange... Une dangereuse enquête la conduit du monde des tavernes à matelots aux plus feutrés cabinets du pouvoir. Mais l’intervention inattendue d’un cuisinier amoureux et de son grimoire de recettes magiques va compliquer l’affaire. (…)

Mon avis

Quelques vilaines expériences de romans « satiriques » ont développé ma méfiance envers les livres qui se veulent humoristiques : on y tombe souvent dans le facile humour scatologique, comme l’ont fait nombre d’auteurs de parodies. Aussi ai-je démarré ma lecture quelque peu méfiante.

Ce roman s’est révélé une excellente surprise : l’intrigue y est bien menée, avec un joli jeu sur la temporalité ; l’univers y est cohérent et riche, car non linéaire ; et l’auteur a beau utiliser quelques clichés du genre : une Citadelle, une société stratifiée hyper hiérarchisée et pas du tout démocratique, un maître d’armes bougon mais tendre et poivrot sur les bords, il le fait en toute connaissance de cause et sait en jouer, avec moult clins d’œil à la littérature. Ainsi, son héroïne Zéphyrelle aux talents multiples est plus rapide que Scapin dans ses changements de déguisement, et son entraînement à l’épée n’est pas sans rappeler celui de Don Quichotte ou d’Arthur dans le roman Excalibur, l’épée dans la pierre de T.H. White. Les cachots sont bien sûr privés de la lumière du jour… mais si propres que les rats refusent d’y rester, même lorsque le garde-chiourme tente de les appâter avec de la nourriture.

L’autre point de vue est celui du cuisinier Fanalpe : celui-ci pratique son art avec un tel engagement que la gastronomie en devient une magie. Mention spéciale aux descriptions des techniques de cuisine et aux noms des plats et ingrédients !

On a beau être dans un roman léger, on remarque un travail remarquable sur les noms des personnages, lesquels se révèlent tout aussi significatifs que chez Zola : par exemple, Zéphyrelle rappelle le zéphyr et le personnage de Caracole dans La Horde du contrevent, d’Alain Damasio ; et « Onshanto » pour l’alchimiste qui trafique les semences afin de les rendre stériles est une trouvaille géniale !

La maquette intérieure est classique, mais comme toujours chez cette maison de qualité ; la couverture a été soignée avec une touche de vernis sélectif sur l’illustration et les textes. Et une fois le roman lu, l’illustration de la première de couverture prend toute sa saveur.

Un roman drôle et intelligent, qui reste dans la farce façon Commedia dell’arte sans tomber dans la lourdeur. (Mais peut-être pas pour les enfants.)

Informations complémentaires

Le Souper des maléfices, de Christophe Arleston

Éditions ActuSF, distribution Harmonia Mundi http://www.editions-actusf.fr/christophe-arleston/souper-malefices (un extrait y est disponible)

Couverture : Mathieu LEYSSENNE

19 €

Parution : octobre 2016

Nombre de pages : 396

ISBN : 978-2-36629-824-6

Disponible également en version numérique

Courte biographie de l’auteur : http://www.utopiales.org/fr/arleston

Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog