Micronomicon de Jacques Fuentealba

Il est des livres mythiques. De ceux dont on entend parler sans jamais les atteindre, et pour cause, mais qui inspirent des générations d’artistes. À défaut de trouver le Necronomicon, Jacques Fuentealba a créé sa propre œuvre destinée à entrer dans l’Histoire de la Littérature : le Micronomicon. Auquel les éditions Luciférines ont donné forme dans un objet superbe, arrivé dans ma boîte par surprise… Dégustons.
Le mot de l’éditeur
Selon son auteur, le Micronomicon est le rejeton terrible du Necronomicon qui hante les textes de H. P. Lovecraft. Inclassable, composé de micronouvelles aussi efficaces que cruelles et délirantes, d’illustrations tout en noir et rouge (puisé à la veine), ce fragment de manuscrit ose tout, en particulier les impertinences langagières. Spécialiste des jeux de mots, Jacques Fuentealba propose une série de textes à l’humour noir burlesque sur le thème de l’enfance, de ses démons et de sa magie toujours un peu inquiétante.
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Attention ! Ce livre maudit risque de vous inspirer d’affreux calembours pendant 666 jours.

Mon avis
En voilà un livre qu’il est beau ! L’audace des éditeurs de fiction pour faire imprimer des livres « objet » est suffisamment rare pour être soulignée et saluée. La fabrication s’accorde parfaitement au contenu, qu’il s’agisse du petit côté « fantastique XIXe » avec la confession initiale de l’auteur, et du fantasque des textes : couverture cartonnée, mate, agréable ; pages de garde noires comme les écrins des bijoutiers ; pages intérieures illustrées en rouge et noir (rien à voir avec une chanteuse des années 1980) avec des dessins « humorrifiques », qui rappellent les textes empreints de réalisme merveilleux du monde hispanique et qui illustrent à merveille les textes courts du recueil. Tout comme l’auteur joue avec les mots, la maquette joue avec la typographie, en un moyen habile pour guider le lecteur qui ne serait pas habitué à lire des micronouvelles.
Côté textes, on oscille entre les très courtes nouvelles et les microtextes à la limite de l’aphorisme. Jeux de mots, détournements, mais aussi intertextualité voire « métalittérature », l’auteur joue habilement (et on sent bien qu’il s’amuse autant que nous). Parmi toutes ces friandises littéraires, mes favorites restent les plus courtes, plus « ciselées », plus efficaces que les textes plus longs. Un bémol : en lecture linéaire, on trouve quelques redites dans les chutes ou les techniques utilisées, mais rien de dérangeant pour une lecture « pioche ».
Bref, voici un recueil fort agréable, à offrir ou à s’offrir.

Extrait
« C’est un vieux diable tout fripé, à la peinture écaillée. Pour le faire surgir de sa boîte, l’auteur de cette micronouvelle n’a d’autre choix que d’avoir recours à un gros ressort dramatique. »
(Partie « Mis en boîte », p. 61)
Entretien de Jacques Fuentealba
http://editionsluciferines.com/jacques-fuentealba-et-ses-micronouvelles-humorrifiques/
 

À lire aussi, du même auteur
Parmi ses recueils :
Délires éthyliques & papilles gaillardes, éditions Tourisme et découverte : nouvelles et micronouvelles autour de la nourriture
Le Cavalier sans tête, avec Olivier Gechter, autoédité
Feuilleton :
Les Formidables Aventures de Jason & Robur, journalistes extra-dimensionnels, saisons 1 et 2, éditions Walrus
Parmi ses romans :
Le Cortège des fous et L’Antre du diable, éditions Malpertuis
Retour à Salem, éditions Mythologica
À noter que Jacques Fuentealba est un des rares spécialistes en France de ce format qu’est la micronouvelle ; il est un des créateurs de la Microphéméride et de La Fabrique de Littérature microscopique.

Informations complémentaires
Micronomicon, de Jacques Fuentealba www.jacquesfuentealba.com
Illustrations Ferran Clavero Estrada
Éditions Luciférines ; diffusion et distribution : Luciférines
15 €
106 pages, cartonné ; pages intérieures illustrées (bichromie)
ISBN 978-2-95483281-4