Les lettres volées, de Silène Edgar
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C’est mercredi, jour des petits ! Et comme les lycéens passent cette semaine les oraux du bac de français, rien ne vaut un bon classique… ou tout au moins une jolie plongée dans l’époque de certains classiques. Voyage au XVIIe siècle avec Silène Edgar et ses Lettres volées.
Le mot de l’éditeur
1661, Mademoiselle de Sévigné au temps du Roi-Soleil.
Pour ses quatorze ans, Françoise de Sévigné, fille de Madame de Sévigné, est invitée à son premier dîner avec la noblesse. La jeune fille doit éblouir les convives par sa vivacité d’esprit autant que par sa beauté. Mais ce milieu est impitoyable, et le moindre faux pas peut ruiner sa réputation et celle de sa mère.
Cette mère parfaite qui cache un secret qu’il faut à tout prix préserver.
Entre ragots, manigances et compliments à double sens, Mademoiselle de Sévigné va mener l’enquête et apprendre les règles de ce monde qui s’ouvre à elle…
Mon avis
Voilà longtemps que je ne m’étais pas intéressée à Mme de Sévigné. Et j’ignorais tout de sa fille, sur laquelle on ne trouve que de rares descriptions, peu flatteuses, sur lesquelles on renifle un relent de jalousie et d’intolérance face à un comportement hors normes, quelles qu’elles soient.
Le début m’a surprise : le jeu de Françoise et de ses amis m’a semblé décrire le comportement d’enfants beaucoup plus jeunes, plus insouciants que ne devaient l’être des adolescents de treize ou quatorze ans à l’époque. Toutefois, il a le mérite de présenter le personnage de Françoise, qui fait fi des conventions et place son amitié avec Tiphaine et Fanchon au-dessus de toute considération sociale. Puis le roman nous entraîne de Françoise au cours de l’été de ses 14 ans : Françoise perd son statut de petite fille et devient subitement une jeune fille, prête à être mariée. Le changement est brutal, et s’accompagne de nombreuses révélations sur le monde des adultes et leurs calculs, souvent petits, parfois glaçants – le tout très bien amené du point de vue de Françoise. On croise également avec une surprise délicieuse Jean de La Fontaine en création de ses Fables, Molière en répétition, Fouquet qui intrigue alors même que la France est en deuil de Mazarin, et même le jeune Louis XIV qui déjà rêve de Versailles. À travers les interdits bravés par la jeune fille, se révèlent les rouages d’un régime monarchique très dur pour les prolétaires. Et déjà se devinent les ferments d’une révolution, un siècle plus tard.
Françoise est un personnage très touchant, que l’on a envie de connaître davantage (ah, ces romans jeunesse trop courts sont d’un frustrant !) et de suivre dans sa vie adulte. Sa quête quant à la nature du secret jalousement gardé par sa mère est très bien menée ; et elle touchera sans doute les jeunes lecteurs, puisqu’elle est celle des origines, de son identité. Ce joli roman nous donne envie de (re) lire les grands auteurs que Françoise a côtoyés, afin de les redécouvrir sous un jour neuf.
Enfin, la maison d’édition a sagement conservé la mise en page soignée des ouvrages précédents, dont la couverture reprend l’esprit : l’occasion de créer une jolie collection.
Du même auteur
Trilogie Moana, tome 1 : La Saveur des figues, tome 2 : Le Bateau vagabond, tome 3 : À la source des nuages, éditions du Jasmin
14-14, avec Paul Béorn, éditions Castelmore
Adèle & les noces de la reine Margot, éditions Castelmore
Et pour les grands… : Les Moelleuses au chocolat, éditions du Jasmin
Comme pour les autres titres de Silène Edgar, un support pédagogique est également proposé pour les enseignants souhaitant étudier l’ouvrage en classe http://www.castelmore.fr/enseignant/.
Informations complémentaires
Les Lettres volées, de Silène Edgar
Éditions Castelmore, distribution Hachette http://www.castelmore.fr/livre/view/les-lettres-volees-1
Illustrateur : Adèle SILLY
Crédits Photo : © Shutterstock
Paru le 18/05/2016
10,90 €
ISBN : 978-2-8112-1982-6
Grand format 320 pages
À partir de 10 ans