Le club des punks contre l'apocalypse zombie, de Karim Berrouka

  • À l'ombre des nénuphars - Gertrude - Sandrinoula
  • Livres, Politique

Suite de ma série « romans zombies » !

Ne pouvant me rendre au Hellfest pour me déchaîner sur les Ludwig von 88 qui font leur grand retour sur scène CE SOIR 18 juin (coïncidence???) et ayant été malade (couchée et/ou aphone) durant toute la Nuit Debout de ma région, j’ai décidé de racheter des points de karma politique et de me décrasser les neurones avec ce génial Club des punks contre l’apocalypse zombie de Karim Berrouka, parolier et chanteur des LV88.

Attention : chronique garantie sans poney. Mais avec des cœurs cœurs cœurs.

 

Le mot de l’éditeur

Paris n’est plus que ruines.

Et le prix de la cervelle fraîche s’envole.

Heureusement, il reste des punks.

Et des bières.

Et des acides.

Et un groupe électrogène pour jouer du Discharge.

Le Club des punks va pouvoir survivre à l’Apocalypse.

Enfin, si en plus des zombies, les gros cons n’étaient pas aussi de sortie...

Il est grand temps que l’anarchie remette de l’ordre dans le chaos !

Politiquement incorrect, taché de bière et de Lutte finale, Le Club des punks contre l’apocalypse zombie est un condensé d’humour salutaire.

Le club des punks contre l'apocalypse zombie, de Karim Berrouka

Mon avis

J’ai découvert la plume de Karim Berrouka en tombant en amour avec sa nouvelle « L’histoire commence à Falloujah », avant d’enchaîner les éclats de rire avec ses micronouvelles de la Microphéméride d’abord, de la Fabrique de Littérature microscopique ensuite et autres textes (voir « du même auteur »), avant de me rendre compte qu’il est aussi le parolier des Ludwig von 88, souvenir musical de mes années lycée et fac. Autant dire que oui, je suis une inconditionnelle de sire Berrouka. En ces temps troubles et tristes de totalitarisme latent, la seule découverte de la couverture et du titre m’avait enchantée. Le texte est, tel le drapeau noir frappé d’un A rouge planté sur une tour, à la hauteur.

Sous l’apparence foutraque de la narration, tout à fait en phase avec ses héros, la construction du récit répond aux canons du genre romanesque, et emprunte à d'autres grands textes. Le roman démarre par une scène d’exposition des personnages habile, dans le squat de sept punks ou sympathisants où tout roule « comme d’habitude », ou presque :

« [Kropotkine] a dû se faire embarquer par la police antiémeute. Deuspi et Fonsdé sortent progressivement de leur état léthargique. (…) Eva pionce encore, Mange-Poubelle doit toujours être en train de picorer des graines (…) piquées aux moineaux, et Glandouille & Pustule, bah, en bons punks à chien, ils sont partis depuis une semaine dans le sud de la France. C’est la saison des migrations. » (p. 16).

Mais très vite, la folie zombie menace ce paradis qu’est le Collectif du 25. Les keufs aussi, parce que l’on reste ennemi malgré l’apocalypse, et qu’il ne faudrait perdre ni les bonnes habitudes ni les occasions de faire quelques grosses bêtises. Au fil de ses aventures, le petit groupe se disperse, et chacun entame son chemin de croix (que l’auteur me pardonne l’offense de cette métaphore – ou en appréciera la justesse, c’est selon). Rencontres, épreuves, expériences mystiques : nous voici en plein récit d’initiation… mais toujours avec ce côté loufoque, déjanté voire déglingué – parce que faudrait tout de même pas qu’on se prenne trop au sérieux. D’ailleurs, même les entités supérieures font n’importe quoi et se révèlent kitsch façon peintures flashy du pire de l’architecture évangéliste sud-américaine. Pourtant, sous ce décorum de grand nimpotnawak, les personnages se révèlent vraiment attachants, voire émouvants, notamment Eva, la féministe végétarienne militante « antitout ».

Le texte regorge de références musicales, politiques, historiques. Les titres de chapitres sont tirés de l’univers musical foisonnant du roman, qu’il s’agisse de vers ou de traductions littérales (et pour le coup amusantes), ce qui permet d’étoffer sa culture. On revit la guéguerre punk VS hippie, mais on va bien voir que ce n’était pas « pour de vrai » et on s’en amuse. On croise quelques célébrités zombifiées – mais les pires monstres ne se trouvent pas forcément parmi les morts-vivants (et l’actualité nous montre chaque jour qu’il n’y a sans doute pas besoin de se faire bouffer par un zombie pour en devenir un).

Alors que la France, l’Union européenne, le monde sombrent dans le grand n’importe quoi, cette lecture est salutaire ! On rit tout du long, on réfléchit pas mal aussi, et on en vient à souhaiter une bonne apocalypse zombie et quelques apôtres keupons pour remettre vraiment de l’ordre dans tout ça. Une lecture saine en ces temps de fausse bisounoursitude, un immense coup de cœur.

Bonus

La playlist (partielle) reconstituée à partir des titres des chapitres est ici http://peregrinationsdeshaya.over-blog.com/2016/06/playlist-du-club-des-punks-contre-l-apocalypse-zombie.html

Du même auteur

Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? Recueil de nouvelles (avec la superbe « L’histoire commence à Falloujah ») http://alombredesnenuphars.over-blog.com/article-les-ballons-dirigeables-revent-ils-de-poupees-gonflables-ou-de-poneys-117905233.html

Fées, weed et guillotines http://www.editions-actusf.fr/karim-berrouka/fees-weed-guillotines

Informations complémentaires

Le Club des punks contre l’apocalypse zombie, de Karim Berrouka

Éditions ActuSF http://www.editions-actusf.fr/karim-berrouka/club-punks, distribution Harmonia Mundi

ISBN : 978-2-36629-816-1 18 €

Couverture : Diego TRIPODI

416 pages, 14 x 21 cm
Parution : mai 2016

 

P.-S. Et j'ajoute que le livre est BEAUUUUU, la maquette léchée, la couverture terrible... bref, bravo aux concepteurs de l'objet !

C
J'arrive ici par un lien sur un autre site, je croyais tes pérégrinations abandonnées depuis longtemps, n'ayant plus de nouvelles dans mes flux rss... Mince !<br /> <br /> Je préfère "No more heroes" par the Stranglers du temps où c'était un bon groupe. En voici deux "interprétations différentes" :<br /> https://youtu.be/-gfIgA-PYyQ<br /> https://youtu.be/Db0VB_MmeK0
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