Swing à Berlin, Christophe Lambert
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Alors que l’Europe s’apprête à célébrer les 70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, et que les Allemands vont une nouvelle fois avoir le mauvais rôle, si l’on s’intéressait à comment les Allemands ont vécu cette période ? Et quitte à le faire, autant le faire en musique…
Berlin, 1942. La guerre s’enlise, et les Allemands commencent à sentir que l’issue ne sera pas victorieuse. Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, cherche un moyen de remonter le moral de la population. Et quoi de plus joyeux que le jazz ? Mais, considéré comme une « musique dégénérée » ou « musique de nègres », il est interdit par le régime. Le ministre ordonne donc que l’on crée un groupe de « musique de danse accentuée rythmiquement », un jazz qui valoriserait les thèses aryennes. Le vieux pianiste Wilhelm Dussander est à la retraite depuis que les membres juifs de son groupe ont été arrêtés. S’il estime que la politique n’est pas l’affaire des musiciens, il n’a jamais aimé les nazis. Pourtant, lorsque Goebbels le sollicite pour monter le groupe qu’il appelle de ses vœux, Dussander n’a d’autre choix que d’accepter...
Mon avis
On a ici un beau récit d’apprentissage, un de ceux qui vous donnent envie d’enseigner (on y a un petit air du Cercle des poètes disparus)… Les relations de travail et de confiance entre Dussander et ses quatre élèves sont bien rendues, et certaines scènes de concert sont très émouvantes.
Le contexte historique est fouillé : on découvre la résistance allemande au régime nazi, tout comme la vie quotidienne sous les bombardements (cela donne l’occasion à l’auteur d’un incroyable retournement de situation). Le style est fluide, sans bavure.
Toutefois, j’ai retrouvé ici le défaut majeur des romans courts : on a une impression de déséquilibre, comme si toutes les portes scénaristiques n’étaient pas fermées et que la fin arrivait bien trop vite alors qu’il y aurait tant de choses encore à raconter. Un petit goût de « ah zut, dommage, trop vite ».
Toutefois, un joli hommage au jazz et une belle histoire de résistance à la barbarie, indispensable pour lutter contre l’obscurantisme et l’ignorance. Avec en bonus les notes de l’auteur, qui permettent de lever le voile sur certains secrets d’écriture, et une très jolie couverture.
Informations techniques
Swing à Berlin, de Christophe Lambert http://www.bayard-editions.com/jeunesse/litterature/des-12-ans/swing-a-berlin
Éditions Bayard Jeunesse, collection Millezime ; diffusion : SOFEDIS ; distribution : SODIS
Paru le 14/06/2012
12.50 €
312 pages – 135 x 200 mm
EAN13 9782747043274