Interview : Hélène Jambut, éditions Bragelonne 1

  • A l'ombre des nénuphars
  • Interviews

Hélène Jambut travaille depuis 2008 chez Bragelonne. Depuis juin 2013, elle occupe le poste de responsable d’édition. Elle a gentiment accepté de se prêter au jeu du questionnaire « métier ».

Bonjour ! Et merci beaucoup d’accepter de répondre à ces questions. Nous allons tout d’abord évoquer votre parcours, puis votre poste actuel, et enfin les perspectives et enjeux du secteur de l’édition.

Parcours
Question : Quel a été votre parcours (vos études, les grandes étapes de votre vie professionnelle) jusqu’à ce jour ?
Réponse : Après un bac scientifique j’ai suivi une année d’hypokhâgne, avant d’intégrer Paris VII pour un Bac + 2 Lettres modernes option métiers du livre, puis enfin le licence/master de Paris X de Métiers du livres, option édition.
J’ai effectué un stage chez Mnémos en année de licence et travaillé sur divers salons du livre et autres événements pour Bragelonne, avant de décrocher un stage chez eux pour mon année de Master 1. J’étais alors à moitié au service commercial et à moitié à l’édito.
Mon stage a duré trois mois, et j’ai été embauchée à la fin, au service édito, en tant que secrétaire. J’effectuais alors un certain nombre de tâches administratives, de suivis de dossiers, et j’aidais les éditrices Claire Deslandes et Isabelle Varange. Peu à peu, on m’a donné l’occasion de travailler sur du texte, en commençant par lire et faire des fiches, travailler sur des glossaires, puis effectuer des relectures de traductions... Je suis ainsi devenue assistante éditoriale et j’ai pu travailler un peu sur toutes les collections et tous les genres de la maison, ce qui m’a beaucoup plu. Je me suis ensuite consacrée à la collection Bragelonne, pour laquelle j’ai géré tout le planning des traductions. Finalement, on m’a proposé le poste de responsable éditoriale que j’occupe aujourd’hui, sur deux pôles différents : Milady Imaginaire pour le papier, et le numérique.

 

Question : L’édition est-elle le domaine dont vous rêviez dès le départ, y êtes-vous arrivée grâce à des opportunités ou bien est-ce un hobby devenu profession ?
Réponse : Ma réponse va être sûrement très bateau ! J’ai toujours beaucoup lu, écrit, adoré les livres… et j’ai assez rapidement entendu parler des métiers de l’édition parce que j’ai eu la chance incroyable d’effectuer mon petit stage découverte d’une semaine en troisième chez Gallimard, auprès de l’attachée de presse de Folio. Je me suis donc rendue compte assez vite qu’il y avait plein de métiers autour du livre extrêmement intéressants.
J’ai toujours été très attirée par la culture de l’imaginaire, et je suis devenue fan des éditions Bragelonne dès que je les ai connues. Je ne sais plus en quelle année c’était exactement, mais j’ai très vite sollicité une rencontre avec eux et c’est Olivier Dombret qui a eu la gentillesse incroyable de me recevoir et de me parler de son propre parcours et de l’édition en général. Même si, pendant le lycée, j’ai oscillé comme tout le monde entre plusieurs destinations possibles, je me suis assez rapidement dirigée vers l’édition dans mes études post-bac.
En licence à Paris X, j’ai retrouvé Olivier sur le salon du livre de Montreuil et il a accepté de m’embaucher pour le salon du livre suivant, mais ma demande de stage chez Bragelonne a été refusée cette année-là et je suis allée passer trois mois très instructifs chez Mnémos. L’année d’après j’ai réitéré ma demande, et Olivier a accepté de me prendre en stage au commercial. C’est aussi grâce à lui j’ai eu un entretien avec Stéphane Marsan et Claire, qui ont accepté de me prendre à mi-temps également en stage à l’édito.
Je dirais donc qu’il y avait beaucoup de passion et de motivation au départ, mais que j’ai ensuite eu de belles opportunités grâce aux gens que j’ai rencontrés et qui m’ont donné ma chance.


Poste actuel
Question : Quelles sont les missions que vous devez accomplir ?
Réponse : J’ai actuellement une double casquette : je suis à la fois en charge de la collection papier Milady Imaginaire (ce qui regroupe ce qui sort chez Milady qui n’est ni de la bit-lit ni de la romance, donc les passages poches et rachats de Fantasy, science-fiction, thriller et les licences de jeux vidéos ou autres), et en charge du numérique sous la houlette de Claire.
Concrètement, en quoi ça consiste ?
Chez Milady Imaginaire comme pour toutes nos collections consacrées au papier, travailler sur des textes inédits étrangers consiste à négocier les droits avec les agents, puis à confier une traduction à un traducteur externe, à relire son travail, à envoyer le texte en correction en externe puis à valider les corrections. Il y a aussi toute la gestion de la collection en elle-même (rédaction 4e de couv, plannings, etc.)
Pour le numérique, il s’agit notamment d’assurer la liaison entre Bragelonne d’un côté et notre diffuseur e-Dantès de l’autre (tenue de matrices, passage de fichiers pour la mise en epub, validation des couvertures pour nos collections primo-numériques etc.). Nous avons également lancé il y a peu deux nouvelles collections primo-numériques, Snark dédiée à l’imaginaire, et Emma à la littérature féminine allant du roman sentimental à la romance pure (lancement prévu en juin) : ces deux collections sont dédiées aux auteurs francophones en grande majorité et une bonne partie de mon travail consiste désormais à dénicher de nouveaux auteurs et à assurer le suivi éditorial d’une partie de ces textes.

 

Question : Quelles sont les compétences et les connaissances nécessaires à ce poste ? Existe-t-il une formation obligatoire ou fortement recommandée pour exercer ce métier ?
Réponse : C’est très difficile de répondre à cette question sans paraître orgueilleux ou un peu trop fier de soi ! :D
Je dirais que deux choses surtout me semblent nécessaires :
- adorer lire et travailler sur le texte, se mettre au service du texte, échanger avec les auteurs et les traducteurs : en effet, d’une part s’occuper de la relecture et du suivi éditorial d’un roman est une activité extrêmement chronophage, et d’autre part chercher de nouveaux auteurs nécessite beaucoup de lectures diverses et une certaine curiosité pour enchaîner les manuscrits ;
- mais aussi ne surtout pas oublier que travailler dans l’édition, même au service éditorial, ça ne se résume pas du tout à lire toute la journée : il faut avoir également la patience de faire des contrats, négocier des droits, remplir des documents excel, valider des couvertures, des données techniques, connaître son code typo et les signes de correction, tenir des plannings, rédiger des 4e de couverture, réfléchir à des briefs pour les illustrateurs, etc. Pour tout cela, la minutie, la rigueur et l’organisation sont des qualités qui me semblent importantes.

En ce qui concerne la formation, je crois que l’édition est encore un secteur où on a plus de chances de décrocher un travail en se faisant des contacts et en faisant jouer la débrouillardise plutôt qu’en brandissant un diplôme. La formation que j’ai effectuée manquait singulièrement d’aspect pratique (mais elle a évolué juste après mon passage), je conseillerais de s’orienter davantage vers des formations professionnalisantes, en alternance ou avec des stages longs. Il est possible aussi d’entrer par une autre porte, certaines de mes collègues à l’édito viennent par exemple de formations d’anglais, la maîtrise d’une langue étrangère étant une compétence particulièrement importante, surtout si vous visez une maison qui fait beaucoup de littérature étrangère. En bref, pensez pratique et non théorique, et prise de contact.

(A suivre !)

Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog