Interview : Marianne Meynard 2

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(Suite de l'interview de Marianne Meynard, des éditions Flammèche)

 

Question : Chaque métier a ses propres contraintes : par exemple, pour être sous-marinier, il ne faut pas être claustrophobe… Selon toi, quelles sont les principales contraintes à prendre en compte lorsqu’on souhaite devenir éditeur ?

Réponse : À mon sens, la capacité de communication et de négociation est vraiment importante, parce qu’un livre ne se vend pas tout seul et que sa fabrication requiert l’intervention de nombreuses personnes. Entre les auteurs, les illustrateurs, les correcteurs, l’imprimeur, le distributeur, les libraires, les bloggeurs… je passe parfois des demi-journées entières à rédiger des mails ou à passer coups de téléphone. Bref, il vaut mieux ne pas être trop introverti ou timide.
Il est également important de savoir s’organiser si on ne veut pas se retrouver ensevelie sous une montagne de choses à faire à la veille d’une deadline.


Question : Quelle serait une année « type » pour un éditeur ? (avec sa saisonnalité, ses événements, etc.)

Réponse : Flammèche n’ayant pas encore tout à fait un an, je n’ai pas encore de « rythme » à proprement parler. Mais tout tourne autour des plannings : la première chose que je fais dès la réception d’un contrat, c’est d’arrêter une date de sortie, puis d’établir les différentes deadlines à partir de celle-ci.


Question : As-tu un objectif précis d’évolution de tes missions ou de ta structure à moyen terme ?

Réponse : Le premier semestre de cette année a été très calme avec seulement une nouveauté numérique, mais tout va s’accélérer au second. Deux parutions papier doivent venir s’ajouter au catalogue, et si tout se passe bien, Flammèche participera à son tout premier salon en octobre.
Pour l’année prochaine, je compte conserver une fréquence de parutions papier peu élevée afin de mettre l’accent sur la promotion des ouvrages.
Sur du plus long terme, j’espère pouvoir abandonner le statut d’auto-entreprise qui n’est pas le mieux adapté à l’édition.

 

Interview : Marianne Meynard 2

Relations avec d’autres maillons de la chaîne du livre
Question : Fais-tu appel à des prestataires de services externes ? Si oui, lesquels et à quelle fréquence ?

Réponse : Pour les couvertures, je fais appel à des illustrateurs indépendants. Je me suis constitué un carnet d’adresses entre mes découvertes du net et ceux qui m’ont contactée à l’ouverture de la maison. Plutôt que de toujours faire appel à la même personne, j’essaye de solliciter un illustrateur différent à chaque nouveau projet. Cela permet d’offrir au livre une couverture qui lui correspond vraiment tout en faisant travailler le plus de monde possible.
Ensuite, bien sûr, je fais appel à un imprimeur, et à un diffuseur pour les livres numériques. Concernant les livres papier, j’en assure moi-même la diffusion.


Question : Quels types de contacts as-tu avec les métiers du livre (libraires, bibliothécaires, etc.) qui aident le public à connaître tes livres ?

Réponse : Cela dépend. Parfois les contacts sont chaleureux, parfois assez froids. Dans le dernier cas, je préfère laisser tomber. Étant donné que Flammèche est une toute petite maison (donc fragile), je pense qu’il vaut mieux travailler avec un libraire intéressé par les livres que je lui propose et prêt à les défendre auprès de ses clients plutôt qu’avec un libraire qui accepte le dépôt avec un haussement de sourcils et me renverra les ouvrages trois semaines plus tard.


Perspectives
Question : Le numérique semble prendre une part croissante dans la stratégie de certaines maisons d’édition. Le numérique fait-il partie des grands enjeux pour toi ?

Réponse : J’ai tendance à penser que si le numérique séduit de plus en plus, c’est avant tout parce qu’il est moins cher que le papier. Il plaît notamment aux gros lecteurs qui consacrent un budget important à ce loisir mais qui apprécient tout de même d’avoir de belles bibliothèques bien fournies.
Certaines maisons perçoivent assez mal cette montée du numérique, et je le comprends : on redoute le piratage, et les marges sont moins importantes lorsque les charges, elles, augmentent de toute part. Pour ma part, je préfère voir dans le numérique une occasion de toucher un nombre plus important de lecteurs.


Question : Aurais-tu un dernier conseil à quiconque serait tenté par le monde de l’édition ?
Réponse : Je conseillerais d’être sûr de vraiment vouloir s’engager dans cette voie. Il y a peu d’emploi et pour quiconque voudrait se mettre à son compte, il faut bien avoir conscience que le nombre de titres parus a explosé ces dernières années, rendant la promotion des ouvrages difficile. Si on n’a pas la passion au ventre, mieux vaut tenter autre chose.


Merci beaucoup pour ton aide et pour avoir accepté de consacrer du temps à cette enquête !

 

Le site des éditions Flammèche : http://www.editions-flammeche.com/

Le blog : http://www.editions-flammeche.com/?page_id=53

C
Marianne Meynard est-elle éditrice à plein temps ou exerce t-elle aussi un autre métier ?
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