L'Antre du diable, de Jacques Fuentealba

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Amateurs de romans d’action, de mythologies anciennes, de batailles épiques, d’Irlande et de bon whisky ? Bienvenue dans L’Antre du Diable, de Jacques Fuentealba…

Le mot de l’éditeur
Non vraiment, chasseur de démons, ça n’est pas une sinécure ! Ce n’est pas Michael Finnegan qui vous dira le contraire, même si son statut de soldat de Dieu lui confère quelques passe-droits appréciables. Envoyé à Koz(i)ah, une cauchemardesque ville médiévale à la frontière des deux Irlandes, il aura fort à faire pour survivre face à une marée humaine de damnés et une légion de rejetons des Enfers.
Lâché par sa hiérarchie, Finnegan reçoit l’aide inattendue du Sunset Circus, qui cherche toujours à exercer sa vengeance contre le Déchu. Quand il s’agit de se mesurer au diable en personne, n’est-il pas temps de mettre de côté ses principes pour avoir une chance, même mince, de l’emporter ? Alors que l’Apocalypse menace de se déchaîner sur Terre, le séjour de Finnegan à Koz(i)ah risquerait bien de lui faire perdre sa foi, sa vie et plus encore…
Ce nouvel opus du cycle du Sunset Circus, qui peut être lu indépendamment du Cortège des fous, offre à cet univers de fantasy urbaine un éclairage nouveau en se penchant sur le camp des forces du Dieu unique.

 

L'Antre du diable, de Jacques Fuentealba

Mon avis
Le Cortège des fous nous avait fait découvrir à travers plusieurs nouvelles l’origine du Sunset Circus, ce cirque du crépuscule des dieux antiques, trahis par l’Etoile du Matin ; la novella éponyme racontait comment elles ramenaient à elles Typhon, tiraillé entre sa puissance sauvage et sa fragile humanité. En filigrane, l’histoire d’amour éternelle d’Orphée et Eurydice m’avait bouleversée. Enfin, de par son style à l’humour grinçant, la dernière nouvelle du recueil m’avait semblé déplacée : on y découvrait Michael Finnegan, un Intouchable au service de Dieu, qui attirait les démons par petites annonces interposées.
Je me trompais : cette nouvelle est le lien parfait entre Le Cortège des fous et L’Antre du diable, puisque Michael est le héros de ce roman. Ses doutes (ses crises de foi) – qui se devinent sous le vernis cynique et l’humour grinçant, mais s’expriment également de façon littérale – viennent contrebalancer son engagement auprès des forces divines et le rendent d’autant plus humain ; et quelle puissance dans l’évocation de cet homme seul, le poing serré, qui hurle sa rage à la face de Dieu, à qui il a tout sacrifié ! La boucle est bouclée lorsque Michael revient à son bar, non plus sobre et sûr de son pouvoir d’Intouchable, mais saoul d’alcool, de désespoir et de colère.
Parmi les personnages, on retrouve les différents protagonistes du Sunset Circus ; en particulier, on en apprend plus sur cet être double qu’est Dude/Igor, déjà vu dans Le Cortège des fous, ainsi que sur la Gardienne du cirque. À travers leurs histoires, on aborde des questions de fond : le rapport à la foi, bien sûr, ainsi qu’aux cultes et croyances, mais aussi le rapport à l’universel ; la tentation – et l’image de la femme tentatrice, récurrente dans les textes de l’auteur, comme elle l’est dans l’imaginaire chrétien ; le libre arbitre et son rapport au destin.
Malgré la profondeur de ces thèmes, l’auteur n’a pas hésité à y ajouter de l’humour noir, comme les crachats sanctifiés qui liquéfient le moindre démon à leur portée… Et l’humour se fait farce tragique lorsqu’on croise la route d’une ancienne amante envahissante, désormais damnée parmi les damnés.
On retrouve ici le même souffle épique, baroque, que dans Le Cortège des fous ; la bataille pour le contrôle du Leviathan est ébouriffante, et la scène finale a la puissance d’un rouleau-compresseur. L’écriture est toujours très soignée, les images foisonnent et l’imaginaire s’emballe… et on en redemande.
Enfin, la couverture de Tim Chiesa, tout en évitant le côté glauque et poisseux de la ville du roman, rend bien le brin de folie qui agite ces pages ; on retrouve en une image la géographie particulière de Koz(i)ah, et les lieux clés du récit.

Ce roman peut se lire seul ; toutefois, il s’inscrit dans la mythologie de l’auteur et s’en enrichit. Je ne peux que vous encourager à lire à la suite Le Cortège des fous et L’Antre du diable, et à aller explorer l’univers baroque et multiforme du Sunset Circus à travers les autres œuvres de Jacques Fuentealba.

Les autres titres de l’univers du Sunset Circus, du même auteur
La Boîte de Schrödinger saison 2, éditions Walrus (numérique) : nombre de ces nouvelles racontent la naissance ces anciennes divinités désormais déchues
Émile Delcroix et l’ombre sur Paris, éditions Céléphaïs (papier) et Walrus (numérique) : une ombre plane sur un Paris fin XIXe où les Arts sont l’expression d’une magie puissante
Chien de garde, éditions Walrus (numérique) : ou comment l’amour fou sans réponse peut détruire un homme, dans l’univers de Sunset Circus
Le Cortège des fous, éditions Malpertuis (papier) et Walrus (numérique)
Retour à Salem, éditions Midgard (papier et numérique) : sept familles de sorciers affrontent le Vatican… quand la magie n’est pas forcément synonyme de Harry Potter
"Le Paris secret d’Émile Delcroix", in La Fabrique de littérature microscopique
"Abdication de Napoléon", in Microphéméride 2014

Informations complémentaires
L’Antre du diable, Jacques Fuentealba
Éditions Malpertuis
Diffusion et distribution : Lokomodo
ISBN : 978-2-917035-31-3
15,6 x 23,4 cm. 194 pages. 15 €
Parution : février 2014
Illustration de couverture : Tim Chiesa

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