14-14, de Paul Beorn et Silène Edgar
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En 2014 est célébré le centenaire du début de la Première Guerre mondiale, ce conflit dévastateur qui a fauché des millions de jeunes gens à travers l’Europe. Cent ans ont passé, et ces victimes sont pour les jeunes gens d’aujourd’hui simplement un nom, une abstraction, à l’image de ces monuments aux morts dont on oublie le sens profond.
Deux auteurs ont relevé le défi de rapprocher ces générations apparemment éloignées : Silène Edgar et Paul Beorn, dans 14-14.
Le mot de l’éditeur
À l’aube de la Grande Guerre…
Adrien et Hadrien ont treize ans et habitent tous les deux en Picardie. Ils ont les mêmes préoccupations : l’école, la famille, les filles…
Une seule chose les sépare : Adrien vit en 2014 et Hadrien en 1914. Grâce à une boîte aux lettres mystérieuse, les deux adolescents vont s’échanger du courrier et devenir amis.
Mais la Grande Guerre est sur le point d’éclater pour Hadrien et leur correspondance pourrait bien s’interrompre de façon dramatique…
Aussi reçu, aussitôt dévoré ! Il y a beaucoup à dire sur ce roman : les auteurs ont réussi un tour de force.
De prime abord, on remarque les différences de conditions de vie des deux adolescents : par un habile jeu de miroirs, les deux auteurs démarrent leur récit le même jour et dans les mêmes circonstances – le 1er janvier dans un cimetière ; mais alors que l’un, en baskets, communique avec sa copine par SMS, l’autre, en godillots, déblaie les tombes sur ordre de son père et est rejoint par sa bonne amie. Le vocabulaire utilisé est évidemment, les objets du quotidien ancrent chacun d’eux dans son époque : corvées de ferme et école communale pour l’un ; ordinateur, téléphone et sorties pour l’autre. Et pourtant, ces deux-là se comprennent au-delà de ce siècle, parce que l’essentiel demeure le même : tous deux ont soif d’amour, d’amitié et d’espoir, chaque être humain lutte contre la mort… et chaque adolescent contre ses parents. La tension monte d’un cran lorsqu’Adrien comprend que son ami vit dans un des villages qui sera dévasté par les conflits de la Première Guerre mondiale : les lettres s’enchaînent, le compte à rebours est lancé, Adrien pourra-t-il sauver Hadrien ?
Enfin, l’éditeur a choisi une très jolie couverture, qui rappelle les vieux cahiers d’écolier ; et il a ajouté des illustrations pertinentes : photos, reproductions de journaux et de livres d’époque, qui rendent d’autant plus vivant le récit d’Hadrien. À quand la version « grand format », avec fac-similé et une jolie couverture en toile bleue ?
Un très beau récit, où l’on ressent beaucoup de tendresse et d’espoir : malgré la folie dont l’humain est capable, une part de lui existe qui peut compenser. On comprend l’incroyable évolution de notre mode de vie, de notre confort (lorsque leurs petites sœurs respectives tombent malades, notamment) et de nos relations sociales en à peine un siècle. J’ai revu des images de l’enfance de mes arrière-grands-parents, et compris bien des choses à leurs silences, à leurs réactions devant mon propre univers.
Un roman coup de cœur donc, une formidable histoire d'amitié et une grande leçon d'histoire, laquelle n’est pas qu’une matière pour le Bac ou le Brevet : c’est également la matière des souvenirs de nos familles.
À (re)lire
Pour les grands
Cris, de Laurent Gaudé, éditions Babel : les soldats d’une unité qui combattent dans les tranchées prennent tour à tour la parole ; chacun d’eux cherche à comprendre d’où viennent les cris inhumains qui s’élèvent la nuit – et chacun puise au plus profond de lui-même pour résister au désespoir et à la terreur.
Un long dimanche de fiançailles, de Sébastien Japrisot, éditions Folio
Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre, éditions Albin Michel
À l’Ouest, rien de nouveau, de Erich Maria Remarque, éditions Livre de Poche
Pour les petits
Bibliographie sur le site du centenaire
14-14 de Paul BEORN et Silène EDGAR
Éditions Castelmore
Distribution Hachette
Paru le 16/04/2014
10.90 €
ISBN : 9782362311192
Grand format 320 p.
Illustrateur : Adèle SILLY